André ABEGGLEN
Le scientifique
André Pierre Abegglen est né le 07 Mars 1909 à Neuchâtel. Dès l’âge de 11 ans, il signe sa 1ère licence au FC Xamax , club de division inférieure fondé par son frère Max (Xamax est le palindrome de Max). A 14 ans, il opte pour le Cantonal Neuchâtel, club de 1ère Division. Bien vite, il s’impose dans les rangs juniors par sa technique et son «feu sacré», suivant ainsi les traces de ses 2 frères aînés, Jean dit ABEGGLEN I et Max dit ABEGGLEN II, excellents footballeurs.
A à peine 16 ans, il joue, le 08 Mars 1925, son 1er match de championnat avec l’équipe première aux côtés de son frère Max. Il sera baptisé par les médias ABEGGLEN III. Il inscrit son 1er but face à l’Etoile Carouge, le 10 Mai 1925. Il joue 22 matchs et inscrit 12 buts sous le maillot bleu.
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Appelé « Trello » par ses parents et ses familiers, il est courtisé par tous les grands clubs de Suisse. Pour la saison 1926/1927, il signe au Grasshopper Club Zurich avec lesquel il remporte le Championnat et la Coupe de Suisse. Il marque la bagatelle de 34 buts en 21 matchs à 18 ans.
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En 1927/1928, Abegglen file à l’Etoile Carouge. Il joue 19 matchs et inscrit 19 buts. En phase finale du Championnat Suisse, l’Etoile Carouge, vainqueur du Groupe Ouest Suisse Romande, est éliminée par le Nordstern Bâle. Le 06 novembre 1927, à 18 ans, il honore sa première sélection avec l’équipe nationale Suisse à Zurich face à la Suède (2-2).
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En 1928/1929, il va porter secours au club de ses débuts, le FC Cantonal Neuchâtel, en grande difficulté sportive. Il joue 21 matchs et marque 9 buts. Le club termine à une honorable 5ème place du Championnat de Suisse romande.
Le 05 Mai 1929, à Lausanne, alors que Trello dispute un match international avec la Nati face à la Tchécoslovaquie, le gardien Tchèque, Planicka, le blesse très sérieusement. Il se croit estropié à vie. La sévère entorse du genou dont il souffre est diagnostiquée incurable. Il tente bien de rejouer quelques matchs mais la douleur est trop intense.
La Faculté de médecine lui propose bien de tenter une opération, mais sans garantie de succès. Dans ces conditions, il préfère, à 20 ans, renoncer à sa carrière de footballeur.
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Là-dessus, les circonstances amenèrent Abegglen à Oran. Ayant à diriger dans cette ville une maison de commerce Japonaise, Trello est bientôt repris par le démon du football. Toujours peu enclin à se faire opérer, il résolut de se soigner autrement. En six semaines, grâce à un traitement spécifique, des massages, des bains de mer et des enveloppements de sable chaud, le genou condamné retrouve toute sa vigueur.
Il signe une licence 1929/1930 à l’Association Sportive de Saint-Eugène, trop chanceuse d’accueillir cet attaquant de classe internationale. Evoluant en Division d’excellence de la ligue d’Alger, il réalise une saison correcte malgré de multiples blessures dont une fracture du péroné. L’ASSE remporte le titre Algérien puis, le 18 Mai 1930 à Rabat, le Championnat d’Afrique du Nord en battant en finale l’Olympique Marocain par 3 buts à 0 avec un doublé de Trello.
Nouveau coup du sort : en Septembre 1930, la maison Japonaise qui emploie Abegglen ferme son point de vente si bien qu’il doit s’en retourner en Suisse. Non sans regrets car, durant son séjour en Afrique du Nord, il a véritablement été choyé. Toute sa vie, il restera très attaché à ses amis Oranais qu’il visitera à plusieurs reprises lors de ses vacances.
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A l’orée de la saison 1930/1931, il rejoint son frère Max, entraîneur-joueur au Grasshopper Club Zurich. Il passera 4 saisons chez les sauterelles avec un bilan de 108 buts en 97 matchs. Trello est souvent blessé, allant même jusqu’à être raillé pour ses supposées simulations. Il est vrai que ses sorties puis réentrées en jeu sont nombreuses.
Abegglen ne parviendra pas à être Champion de Suisse mais remportera 2 coupes (1932 et 1934) et s’inclinera en finale en 1933 (blessé, il n’a pas joué la finale perdue en 1931). Trello est souvent blessé car ciblé par les adversaires.
Il participe à la Coupe du Monde 1934 :
● 31 Mai 1934 : à Turin, Suisse-Tchécoslovaquie 2-3.
Trello Abegglen a mis au point un modèle de chaussures de football 
qu’il désire commercialiser en France. En Juin 1934, il contacte le gardien de but Suisse Frank Séchéhaye, un ancien partenaire tant en club (Etoile Carouge) qu’en équipe Nationale, qui a longtemps joué au Club Français, club apparenté par alliance avec Sochaux. Séchéhaye, agent de la marque d’automobiles Peugeot, met tout naturellement Trello en liaison avec le club Franc-Comtois qui a, en outre, l’avantage d’être géographiquement très proche de la Suisse.
Un accord est trouvé entre Jean-Pierre Peugeot et Abegglen III qui paraphe, début Juillet, un contrat de 3 ans en faveur du FC Sochaux-Montbéliard. Il habitera une petite maison juste derrière le stade de la Forge.
André Abegglen fait ses débuts sous le maillot Sochalien le 12 Août 1934, lors d’un match amical au stade de Montrapon à Besançon. Le FCSM bat La Bousbotte 6 à 2 devant 3.000 spectateurs: Trello inscrit 3 buts.
Lors de la saison 1934/1935, il marque 36 buts en 32 matchs officiels et réalise 9 passes décisives. Il manque aussi 1 penalty. Bien alimenté par Louis Finot et Leslie Miller, il est l’auteur de 4 triplés et termine meilleur buteur du championnat de Division 1 (*) devant Roger Courtois.
(*) Dans toute l’histoire du FC Sochaux-Montbéliard, seuls 2 autres Sochaliens ont réalisé cette performance: Roger Courtois (1935/1936 et 1938/1939) et Pépi HUMPAL (1948/1949).
Tableau de bord saison 1934/1935
Le FCSM remporte le Championnat de France mais échoue en 1/4 de finale de la Coupe de France face à l’Olympique de Marseille.
A l’issue de la saison, Trello est nommé entraîneur-joueur, succèdant à Conrado Ross, démissionnaire, en partance pour le C.A Paris.
Début Juin 1935, le FC Sochaux Montbéliard, sous la direction technique de Trello, étrenne son titre de Champion de France au Tournoi de l’exposition de Bruxelles, compétition dont il est grand favori. Le FCSM s’est déplacé avec l’intégralité de son riche effectif et toutes ses vedettes mais échoue en finale face à l’Ajax d’Amsterdam: la composition de l’équipe alignée a laissé perplexe bon nombre d’observateurs et de suiveurs du club.
Lors de la saison, 1935/1936, il dispute 27 matchs officiels, marque 22 buts (dont 1 penalty) et effectue 3 passes décisives. Il manque aussi un penalty et est expulsé à Cannes.
Le 25 Août 1935, au stade de la Forge, il réalise 1 septuplé face à l’US Valenciennes Anzin qui en fait encore aujoud’hui le recordman de buts marqués lors d’un match de ligue 1 .
Début Décembre, Trello, surmené par sa fonction d’entraîneur-joueur dans cette équipe de vedettes, jette l’éponge. Il renonce à son poste d’entraîneur pour se consacrer uniquement à celui de joueur. En plein accord avec le club, il se déplace à Paris pour convaincre Conrado Ross de revenir à Sochaux. Ross accepte rapidement et fait son grand retour au FC Sochaux Montbéliard.
Lors de la 1ère mi-temps de la ½ finale de Coupe de France du 04 Avril 1936 face au Racing Club de Paris, Trello est victime d’une grave blessure au ménisque suite à un choc avec Delfour. Sa saison est terminée.
Tableau de bord saison 1935/1936
Le FCSM termine 4ème en Championnat et échoue en 1/2 finale de la Coupe de France face au RC Paris, épuisé par les 3 matchs supplémentaires rejoués en Coupe de France.
Trello souffre toujours de son ménisque. Début Octobre 1936, il consent à une opération à Zurich: l’ablation du ménisque externe de son genou droit. Il s’agit de la 1ère opération de la sorte pour un footballeur. Il ne reprend la compétition que Fin Février 1937.
Durant la saison 1936/1937, il ne jouera que 13 matchs, marquant 7 buts (dont 2 penalties) et délivrant 4 passes décisives.
Tableau de bord saison 1936/1937
Le FC Sochaux-Montbéliard manque le doublé d’un souffle. Il remporte la Coupe de France face au RC Strasbourg mais termine second du championnat, battu au goal average par l’Olympique de Marseille. Rageant quand on sait que le FCSM a battu Marseille tant au match aller qu’au match retour.
A l‘été 1937, Trello Abegglen est en fin de contrat. Il se fait tirer l’oreille pour prolonger: il a été approché par le Stade de Reims et des clubs Suisses. Il est très tenté par un retour en Suisse. Il faut toute la force de persuasion de Jean-Pierre Peugeot pour qu’il consente à prolonger, début Juillet, son contrat d’1 an.
Cependant, début Décembre, le Servette de Genève se fait pressant et lui propose un contrat d’entraîneur-joueur à des conditions financières avantageuses. Miné par de multiples blessures musculaires, il n’a joué, depuis le début de saison 1937/1938, que 5 matchs, marquant 2 buts et délivrant 1 passe décisive.
Après d’âpres discussions, le board Sochalien accepte de libérer Trello pour « services rendus ».
Tableau de bord saison 1937/1938
Le FCSM termine Champion de France, pour la seconde fois de son histoire. La déconvenue en Coupe de France à Montpellier n’en est que plus facile à digérer.
André Abegglen aura marqué son dernier but à Roubaix, le 12 Septembre 1937, face à l’Excelsior et joué son dernier match le 19 Septembre 1937 face à Marseille.
Durant son passage au FC Sochaux Montbéliard, il aura joué, en 3 saisons et demie, 77 matchs officiels sous le maillot jaune et inscrit 67 buts, le plaçant dans les 15 meilleurs buteurs de tous les temps du club. On peut également le créditer d’un minimum de 17 passes décisives.
Trello poursuit donc sa carrière au Servette Genève en qualité d’entraîneur joueur où il demeurera 4 ans et demi (1 des plus longs baux d’entraîneur du club). Il joue son premier match le 19 Décembre 1937 face aux Young Boys de Berne.
Trello participe à la Coupe du Monde 1938 :
● 12 Juin 1938 : à Lille, Suisse-Hongrie 0-2.
Au global, il dispute 116 matchs sous le maillot grenat et inscrit 60 buts. Il gagne 1 championnat (1940) mais perdra 2 finales de Coupe de Suisse (1938 et 1941).
A l’été 1942, à la fin de son engagement avec le Servette, il signe un contrat d’entraineur joueur de trois ans avec la Chaux-de-Fonds, qui vient d’être rétrogradé, avec la mission de faire retrouver aux «Meuqueux» son lustre perdu.
C’est chose faite dès la 1ère saison où le onze de la Charrière reconquiert sa place en ligue nationale, après un dernier match très disputé contre Bellinzone lors duquel Trello marqua les deux buts de la victoire.
La saison 1943/1944 s’annonce prometteuse lorsque le 17 octobre 1943, au sortir d’un match à Lugano, un grave accident de chemin de fer se produit en gare de Schupfheim. Une collision intervient entre le train qui transportait l’équipe et un autre train. Le soigneur du club est tué sur le coup et plusieurs joueurs, dont Trello Abegglen, sont commotionnés et blessés par des éclats de verre.
Bien que victime de malaises indéfinis et de douleurs sourdes dans les reins, il surmonte la douleur et continue à jouer, négligeant de se soigner sérieusement. Fin Avril 1944, son médecin le condamne au repos forcé mais sa passion du football est plus forte. Très fatigué, ses prestations sont transparentes et le public commence à le prendre en grippe et le siffler.
En mai, terrassé par une attaque, il est d’abord conduit à l’Hôpital de Lugano puis est transporté avec difficultés à l’Hôpital cantonal de Zurich. Tous les efforts possibles sont entrepris pour sauver Trello. Grâce aux démarches de la Fédération Suisse, la Fédération Anglaise de Football (sic) a pu envoyer à son intention de la pénicilline, hélas en pure perte. Après de longs mois de souffrance, il succombe à une septicémie le 08 Novembre 1944, à l’âge de 35 ans.
Sous le maillot blanc de la Chaux-de-Fonds, Trello aura joué 53 matchs et marqué 45 buts.
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Durant toute sa carrière, il aura connu 8 clubs, jouant 422 matchs et marquant 354 buts.
Trello Abegglen, un des meilleurs joueurs Suisses de l’histoire, a été 52 fois international, marquant 29 buts. Il joua son premier match international pour la Nati, à 18 ans, le 6 novembre 1927 à Zurich face à la Suède. Par une curieuse coïncidence, il joua son dernier match, à 34 ans, également contre les Suédois, à Stockholm le 14 juin 1943.
Il aura participé à 2 Coupes du Monde (1934 et 1938), disputant 4 matchs et marquant 3 buts.
Considérations
Précurseur d’Alfredo Di Stéfano, Trello Abegglen, bien que ne disposant pas de moyens physiques extraordinaires, était un génie du football, très en avance sur son temps. Il a été, par exemple, un des premiers footballeurs a créé sa marque de chaussures et à s’astreindre à un régime alimentaire spécifique.
Perfectionniste, peut-être trop, sa science innée du jeu, son contrôle de balle, son démarquage, ses ouvertures, la qualité de sa frappe constituaient ses forces principales. Cet homme, au crâne très tôt presque chauve mais au cerveau fécond, donnait de la voix sur le terrain, prônant la simplicité dans le jeu et encourageant sans relâche ses partenaires.
Partout, son ascendant sur ses coéquipiers a été grand et pour ses adversaires, il était la cible numéro 1 à abattre, ce qui lui valu de multiples nombreuses agressions et occasionné de nombreuses blessures. Il opéra dans de nombreux clubs et dans chacun d’eux, il laissa le souvenir d’un sportif affable et dévoué, n’hésitant pas à dispenser son savoir et, ainsi, faire progresser l’équipe.
Ce n’est donc pas sans doute un hasard si le FCSM a gagné ses 3 premiers grands titres nationaux en sa présence et en cela, le club lui doit beaucoup.