Le tournoi international de football de l’exposition de Paris 1937 dite aussi « Coupe L’Auto » est une compétition organisée par la FFFA qui a eu lieu du 30 Mai au 06 Juin 1937. Elle s’est déroulée en marge de l’Exposition Universelle de Paris qui s’est tenue du 25 mai au 25 novembre 1937.
En début de saison, la FFFA avait décidé d’octroyer les 2 places allouées aux équipes Françaises aux 2 premières équipes du championnat de France. A la lutte avec l’Olympique de Marseille et le RC Paris, le FC Sochaux Montbéliard a dû batailler jusqu’à l’ultime journée pour finir 1er ex aequo et valider, ainsi, sa participation au tournoi.
Huit équipes Européennes participent au tournoi. Le format est à élimination directe: 1/4 de finales, 1/2 finales et finale.
Le calendrier du premier tour, élaboré le 08 Mai 1937 par la commission d’organisation, a désigné Bologne AGC, champion d’Italie en titre, comme adversaire du FC Sochaux Montbéliard.
FC Sochaux Montbéliard
Bologne AGC
Olympique de Marseille
Chelsea
Slavia Prague
Phobus FC
Austria Vienne
VFB Leipzig
Préambule
Lors de ce mois de Mai 1937, le FCSM a déjà, avec très peu de rotations, disputé 6 matchs, soit 1 match tous les 4 jours.
Le 02 Mai 1937 à Sochaux, victoire 6 à 2 Sète, championnat D1 J28
Di Lorto; Lalloué, Mattler; Hug, Szabo, Lehmann; Lauri, Abegglen, Courtois, Bradac, Williams
Buts: Bradac, Courtois 3, Williams, Abegglen
Le 09 Mai 1937 au Parc des Princes, victoire 2 à 1 Strasbourg, coupe de France
Di Lorto; Lalloué, Mattler; Hug, Szabo, Lehmann; Lauri, Abegglen, Courtois, Bradac, Williams
Buts: Lauri, Williams
Le 12 Mai 1937 à Sochaux, nul 1 à 1 Cannes, championnat D1 J25
Di Lorto; Lalloué, Mattler; Hug, Szabo, Lehmann; Lauri, Abegglen, Courtois, Bradac, Williams
But: Bradac
Le 16 Mai 1937 à Sochaux, victoire 5 à 1 Mulhouse, championnat D1 J30
Di Lorto; Lalloué, Mattler; Hug, Szabo, Lehmann; Lauri, Abegglen, Courtois, Oscar Tellechea, Williams
Buts: Abegglen 1+1 pen, Oscar Tellechea, Courtois 2
Le 20 Mai 1937 à Marseille, victoire 1 à 0 Marseille, championnat D1 J29
Di Lorto; Lalloué, Mattler; Hug, Szabo, Lehmann; Lauri, Abegglen, Courtois, Oscar Tellechea, Williams
But: Courtois (tête)
Le 23 Mai 1937 à Montpellier, nul 2 à 2 Wacker Vienne, amical
Pretto; Cazenave, Mattler puis Lalloué; Hug, Szabo, Magnin; Lehmann, Abegglen, Bradac, Oscar Tellechea, Williams
Buts: Bradac 2
D’autre part, les festivités ayant suivi la victoire en Coupe de France ont été nombreuses et énergivores. Comme pour la finale de la Coupe de France, les Sochaliens préparent leur entrée dans le tournoi à Barbizon où ils arrivent le 28 Mai au soir.
Le match
Le 30 Mai 1937 à 15h00, le FCSM se présente au stade de Colombes, devant 10.000 spectateurs, sans Duhart (blessé), Cazenave (choix de l’entraîneur) et Lauri, victime d’une appendicite quelques jours avant le match. Hormis Lauri, il s’agissait de l’équipe type de la saison.
NB: Di Lorto, Lauri et Courtois, absents le 23 Mai à Montpellier, avaient joué ce jour là un match international avec l’équipe de France face à l’Irlande.
Le Journal
31 Mai 1937
1ère mi-temps
Par trente degrés à l’ombre, le match débute à petite allure par une tentative de débordement de l’aile droite Italienne, Puis, Abegglen se fait boucler. Néanmoins l’attaque de Sochaux est lancée et elle se continue sur la droite: deux shoots sont arrêtés par le goal Ceresoli. Nouveau retour des Italiens. Le jeu est lent de part et d’autre. A la cinquième minute, l’ailler gauche Reguzzoni échappe à Lalloué mais termine très mal son mouvement offensif. A la sixième minute, corner pour Sochaux: rien, tandis qu’une faute flagrante de Mattler n’est pas sifflée. Une minute après, Reguzzoni s’échappe encore. Lalloué ne sait pas quoi faire et l’Italien centre en hauteur. Sansone, l »intérieur droit, reprend de la tête et marque.
Bologne 1 Sochaux 0
Il y a beaucoup plus d’homogénéité dans le jeu des Italiens alors qu’à Sochaux, on a tendance à faire étalage de ses qualités personnelles. Il apparaît aussi que les Italiens sont en pleine forme alors que les Sochaliens se traînent sur le terrain. Après un quart d’heure de jeu, il y a bien une belle offensive Abegglen-Courtois mais l’avant centre international, qui joue aujourd’hui ailier droit, termine par un shoot qui a de la peine à aller trouver le goal Italien. Sochaux est nettement dominé et, à la vingtième minute, c’est au tour de l’ailler droit d’éviter Mattler. Son centre est repris par Schiavo et c’est le deuxième but des Italiens.
Bologne 2 Sochaux 0
Aucune réaction à Sochaux: tout le monde joue mal, même Abegglen, même Szabo. A la trentième minute, l’aile gauche Williams-Téllechéa tente sa chance: Bradac reprend et shoote de 10 mètres dans les bras de Ceresoli.
Du coup, l’atmosphère est changée dans les tribunes d’autant mieux que les Sochaliens semblent avoir repris du poil de la bête. Tour à tour, Courtois et Bradac frappent au but mais sans succès. Malheureusement, c’est un feu de paille car, peu après, les Italiens repartent à l’assaut. Coup franc en faveur des Italiens sur faute de Mattler. La balle va à gauche à Reguzzoni puis, suite à une erreur du duo Hug-Lalloué, revient au centre où Schiavo la loge pour la troisième fois dans les buts Sochaliens à la trente cinquième minute.
Bologne 3 Sochaux 0
A la quarantième minute, Courtois est balancé dans la surface de réparation alors qu’il avait déjà envoyé sa balle sur Ceresoli. L’arbitre siffle penalty et Abegglen le réussit.
Bologne 3 Sochaux 1
La fin de la première mi-temps des Sochaliens est bien meilleure que le début.
Au repos, Bologne mène 3 à 1.
2ème mi-temps
Bradac joue a l’aile droite et Courtois au centre: l’allure de la ligne d’avants Sochalienne est transformée. Seulement Courtois est très surveillé et en fin de compte ce sont les Italiens qui obtiennent un corner. Le jeu est aussi pauvre qu’en première mi-temps et les Italiens ne font guère de grands efforts pour maintenir leur supériorité. Corner pour Sochaux et shoot magnifique de Bradac sur la barre.
Les Italiens forcent un peu l’allure et à 30 mètres, Sansone marque le quatrième but des Italiens. L’Italien, sous l’œil de l’arbitre, s’était aidé de la main, mais M. Turskuyer se montra clément, accordant le but.
Bologne 4 Sochaux 1
Rien ne va plus à Sochaux, l’énervement vint et les défenseurs Francs-Comtois se mirent à jouer brutalement. Après Lalloué, Sansone eut maille à partir avec Mattter mais les incidents en restèrent là. Les Sochaliens se donnèrent du mal. L’aile gauche tente la percée en finesse ou en force mais véritablement le défense Italienne joue admirablement et les Français en sont pour leurs frais. En revanche, corner pour les Italiens. A la 15ème minute, Courtois a une belle envolée mais que peut-il faire contre les deux arrières adverses qui le dépassent d’une bonne tête. Il récidive peu après mais se trouve en présence de trois gaillards qui l’empêchent de shooter. Coup franc contre Lehmann. Corner contre Sochaux: on voit par là que les déboulés de Courtois sont largement compensés. En tout cas, Mattler et Sansone se tirent une belle bourre. A la 24ème minute, Sochaux tire un corner au cordeau. Abegglen crâne bien et Ceresoli arrête aussi bien. Plus tard, l’Italien fait un arrêt splendide de souplesse et de netteté. Corner pour Sochaux grâce à Courtois. Les Franc-Comtois auront eu une dizaine d’occasions, toutes infructueuses. A l’inverse, les Bolonais auront été plus réalistes. Dix minutes avant la fin, le demi droit Italien est blessé: il revient peu après. Bologne relâche son étreinte et se contente de ce succès en somme très confortable. Il serait plus facile de nommer à Sochaux les joueurs qui ont le plus mal joué que ceux qui ont le mieux opéré. A part Mattler, Abegglen, cependant trop lent, et Courtois, trop personnel, les joueurs de Sochaux furent bien quelconques. Szabo, Hug et Lalloué furent les plus décevants. A Bologne, l’équipe est puissante et homogène. Très belle et très prompte défense, avec un Ceresoli plein de brio. Andreolo, demi centre de grande valeur, Sansone. Busoni et Schiavo furent avec les précédents ceux qui se firent le plus remarquer.
Considérations
Pour une fois, les absents n’ont pas eu grand tort car la rencontre entre ces deux grandes équipes ne répondit pas à notre attente. Ce n’est pas l’équipe Italienne qui est responsable de cette déception. Elle joua ce match consciencieusement avec le brio de sa forme encore fraîche.Tout au contraire fut l’équipe de Sochaux. Il est évident qu’elle est à bout de souffle, fatiguée de sa saison et qu’elle n’a plus la conviction nécessaire pour des luttes de cette importance. Que Sochaux ait fait preuve de lassitude, qu’il ait joué pour cette raison au-dessous de sa réputation, cela donc est certain. Mais dans la conception même du jeu, nous avons été amenés à constater également son infériorité. Sochaux piétina et fut inférieur en combativité, comme naturellement dans le jeu de tête. Quant aux déplacements de jeu, ils furent l’exception tandis qu’ils étaient la règle à Bologne.
Au final, la défaite fut nette face à des joueurs de Bologne sur qui la chaleur écrasante ne semblait pas avoir de prise.
Suite à cette prestation manquée du FC Sochaux Montbéliard, de nombreuses critiques fusèrent dans les médias de l’époque.
Auxquelles le club répondit par l’intermédiaire de Sam Wyler (qui n’était pas président du FC Sochaux). Celui-ci se trompa néanmoins lourdement sur l’attache à la France de Lehmann et des naturalisés cités. Quelques mois plus tard, à l’entrée en guerre, ils seront tous retournés dans leur pays d’origine, abandonnant leur pays nourricier à son triste sort.
Au final, Bologne remportera la compétition. Quelques jours plus tard, le 13 juin 1937 à Lyon, le FC Sochaux Montbéliard fera match nul avec la Juventus de Turin 2 à 2 mais son image restera longtemps écornée par sa faillite à ce prestigieux tournoi.