L’écho d’Alger
30 Mai 1932

LE FC SOCHAUX a battu le FC BARCELONE par 4 Buts (dont 1 Penalty) à 2

Après une partie qui a réuni au stade municipal de très nombreux spectateurs, les Français Sochaux sont venus à bout des Espagnols FC Barcelone par 4 buts à 2. Ce match est à classer parmi ceux les plus mémorables joués ici entre équipes étrangères. Il offrit d’ailleurs beaucoup d’analogies avec la fameuse rencontre Club français-Victoria Ziskow dont on s’est plu à rappeler l’âpre et émouvante physionomie.

Apre et émouvante, la partie FC Sochaux – FC Barcelone le fut à son tour. L’indiscutable valeur technique des Espagnols en faisait les favoris. D’ailleurs, le sage pressentiment qui consistait à les admettre vainqueurs probables trouva crédit durant la première mi-temps. Cette période de jeu consacra plus particulièrement la forme exceptionnelle de l’avant-centre espagnol Gual dont toutes les entreprises furent réellement aussi remarquables que variées. Bien accompagné, ce joueur mit également en relief la valeur de l’ailier droit international Sagi Barba, dont les centrages furent précis à souhait.

Du côté de Sochaux, qui laissait une impression très confuse du brio de certains internationaux déjà trop anciens, une valeur individuelle pouvait être notée plutôt dans le compartiment défensif, où l’arrière anglais Hillier et le gardien Lozes, tant de fois décrié à cause du côté spectaculaire de son jeu étaient présents.

La deuxième mi-temps, que les Espagnols entamèrent avec un but d’avance. fut propice aux footballeurs de Peugeot. Au jeu méthodique des Barcelonais, leurs adversaires opposèrent un football d’un fini beaucoup moins agréable mais d’une exploitation que la fin justifia. Quelques truquages qu’ils ne se firent pas faute de mettre en pratique, une ardeur croissante avec l’éventualité plus tangible d’une victoire, permirent à l’équipe française d’enrayer assez efficacement le machinisme des Espagnols.

Ces derniers, d’ailleurs, prêtèrent main-forte à leurs adversaires lorsqu’ils essayèrent de se mettre au diapason, sans dégénérer le jeu se fit très sec et la seule constatation que les Espagnols n’avaient plus une suprématie évidente sur les balles hautes suffisait alors à faire reconnaître que Sochaux reprenait comme l’on dit, du poil de la bête. Une absence momentanée de Jaguare, blessé, qui facilita à Sochaux la réalisation de deux buts, fit le reste.

Ce revirement du FC Sochaux. sans être absolument impérieux, mit cette fois mieux en relief les qualités de shooteur du rapide ailier gauche Leslie. Le quatrième but de Sochaux qu’il réalisa de biais, malgré une belle détente de Jaguare, revenu dans ses bois, fut le plus impressionnant des six de la partie.

Lozes en profita pour également briller. Sa position trop avancée lui valut ou plutôt lui coûta deux exploits sur des shoots de Gual qui s’en trouva fort marri.

Une autre phase notoire de cette partie fut un coup franc concédé à Sochaux, à la limite des dix-huit mètres du FC Barcelone. Les Espagnols formèrent un rideau défensif qu’avec beaucoup de bonheur Maschinot réussit à percer en adressant un bolide en coin que Llorens, le remplaçant de Jaguare, ne put toucher.

LA PARTIE

1ère mi-temps

Le coup d’envoi de la rencontre fut donné par l’universitaire Algérois Roig, champion de France 1931 des 1.500 métres nage libre.

De suite après, les Espagnols s’organisèrent. Les premiers échanges furent en leur faveur. Gual, après avoir réceptionné un centre de Parera, mit dessus mais l’action fit sensation. Un centrage remarquable signala ensuite Sagi Barba à l’attention du public. Lozes remballa la balle du poing.

Puis ce fut le tour de Gamis de shooter, après qu’une tentative Gérin-Maschinot ait échoué pour hors jeu. Barcelone dominait. Au centre du terrain Dos Santos se faisait applaudir pour le flegme avec lequel il ouvrait des panneaux à ses adversaires.

Du côté de Sochaux, où la ligne de demis un peu désorientée était fort à l’ouvrage, Williams parvint enfin à inquiéter Jaguare par une percée après coup franc. Ce fut sur un coup à suivre de Gamis que Gual, très incisif, suivit la trajectoire de la balle qui passait entre Hillier et Mattler, pour la dévier légèrement et ainsi battre Lozes.
Barcelone 1  Sochaux 0

Dès la remise en jeu, le gardien de Sochaux eut à stopper un tir de Parera. La réplique française vint d’un centre de Cottin bien lancé par Wiliams. Le centre avant Gérin, fonçant vers la balle, se ramassa mal sur une chute qu’il fit. Peu après, le même Gérin, en shootant de près, joua de malchance, la balle heurtant inespérément Jaguare.

Sochaux se montra dès lors moins contracté. Une ouverture de Maschinot permit à Leslie d’adresser une balle que Jaguare mit en corner. Il fut joué deux fois et chaque fois Leslie tira dangereusement avec effet. Avant le repos, le FC Barcelone manqua d’accroître son avance, un shoot de Gual allant heurter en coin la barre transversale.

2^ème mi-temps

A la reprise, un long shoot de Hillier inquiéta Jaguare. Puis le FC Sochaux paraissant bien décidé à jouer sa chance, se montra plus précis dans ses attaques. Sur une descente de Gérin-Maschinot, Jaguare sortit pour plonger. Il évita le but, mais se blessa légèrement et dut se faire remplacer par Llorens. Ce dernier n’eut pas le temps de se distinguer. Sur coup franc pour main de Salo, Maschinot égalisa dans les conditions citées plus haut.
Barcelone 1  Sochaux 1

Cet exploit fouetta les deux camps. Les Barcelonais montèrent à l’assaut de Lozes et, vraiment, un crâne de Gual sur centre de Parera, méritait un sort heureux. Puis ce fut une attaque de Sochaux sur laquelle Llorens fauta et dut mettre en corner. Après un coup franc très sévère contre les Espagnols, Maschinot laissa courir la balle au profit de Leslie qui, de biais, logea le deuxième but de son équipe.
Barcelone 1  Sochaux 2

Naturellement le jeu gagna en intérêt tandis que l’énervement des joueurs augmentait. M. Winchell, qui arbitrait, en pâtit un moment.

Gérin s’écroulant encore devant une charge de San Félu, Maschinot eut à botter un deuxième coup franc sur lequel il ne put renouveler son précédent exploit.

A ce moment Jaguare reprit sa place. Une diversion se produisit lorsque Gual, débordant Mattler et constatant la position avancée de Lozes. tira au but de loin. Le souple gardien de Sochaux parvient à mettre en corner en plongeant à contre sens. La même mésaventure advint à Jaguare sur shoot de Leslie.

Gual encore faillit marquer après une touche en plaçant la balle vers le coin. Mais Lozes eut une détente surprenante pour, d’une main, écarter le danger. La phase de jeu qui suivit assura en grande partie le succès de Sochaux. Une descente de Leslie fut rudement arrêtée par Salo dans les dix-huit mètres. Le pénalty concédé fut magistralement transformé par Maschinot, qui réalisa ainsi le troisième but.
Barcelone 1  Sochaux 3

Dès lors les Espagnols, loin de s’avouer battus, s’appliquèrent à combler leur retard. Dos Santos se mêla à ses avants où Parera et Gual étaient plus particulièrement sollicités. Sur une descente de Dos Santos, Parera tira au but en hauteur. Lozes arrêta la balle mais insuffisamment à temps pour éviter le deuxième but Espagnol.
Barcelone 2  Sochaux 3

De suite l’intérêt du jeu rebondit. On était loin de souci de l’exhibition de la première mi-temps. Les Barcelonais harcelaient la défense Hillier-Mattler, qui se montrait impitoyable devant Lozes débordant d’allant. Un corner tiré par Sagi Barba fut repoussé du poing par le gardien qui fut très applaudi.

Le quatrième but de Sochaux. qui devait consacrer la victoire des joueurs de Peugeot, fut le plus brillant sinon par la façon dont il fut amené, du moins dans son exécution. Une feinte de Leslie par un court dribble de ce joueur fut suivie par un shoot irrésistible tiré en biais, que Jaguare ne put parer malgré un plongeon impressionnant.
Barcelone 2  Sochaux 4

Les Espagnols essayèrent bien encore par Sagi Barba et par Gual de marquer Une dernière occasion fut encore offerte à ce dernier par l’audacieux Lozes, qui eut encore le temps de se retourner pour mettre en corner une balle qui l’avait dépassé.

Finalement le FC Sochaux gagna par 4 à 2, M. Winchell, un moment désorienté, fut bien dans l’ensemble.