L’Auto Vélo
02 Avril 1934

Cannes a manœuvré Sochaux

AS Cannes bat FC Sochaux buts à 0 Cannes (de notre envoyé spécial).

L’artillerie légère de Cannes a vaincu l’artillerie lourde de Sochaux par 4 boulets, ou 4 buts à 0, dans un échange de munitions qui eut lieu cet après-midi, au Stade prometteur des Hespérides, par un soleil éclatant et sur un terrain qui commence à ressembler à un champ de mars pour manœuvres d’entrainement.

Si les membres du Comité de l’AS Cannes n’avaient pas eu la précaution de faire connaitre à l’entrée du stade, au tableau noir, les noms des joueurs, précaution qu’on néglige trop à Paris, par exemple, nous aurions pu croire que l’artillerie légère de Cannes jouait en prénoms c’étaient, en effet. Joseph, Maurice, Léon, Jules. Eugène, Jeannot et André.

Toutefois, il était fait exception pour Kastor, André, Sophie. Théodore, leon, je veux dire Kast qui joue avant et dont on doit ignorer le prénom: quant à l’artillerie lourde de Sochaux, descendue dans le Sud mais en plaine, son tir à longue portée ne fut jamais dangereux; elle manœuvrait lourdement sur un terrain trop sec, elle essayait de la manœuvre classique d’opérer par les ailes Leslie et Williams avec centres à Courtois, Maschinot et Hug.

Les mouvements se révélèrent beaucoup trop lents tout au cours de la partie alors que l’artillerie légère locale recevait en avant presque toujours directement les munitions des arrières Tourniaire et Dutheil, elle gâcha les occasions à plaisir, brula beaucoup plus de poudre qu’il n’en fallait, usa des batteries alors qu’avec une meilleure correction de tir, elle aurait dû doubler sa mise aujourd’hui.

Convenons que les hommes gras de Sochaux furent refaits d’un but presque au commencement de la partie quand la balle shootée par Williams, dévia sur un pied d’artilleur léger pour faire mouche, mais l’arbitre s’en tint non à la correction involontaire du tir de Williams, mais à l’incorrection non réglementaire de Courtois, hors-jeu.

Quelques instants après, Mattler. L’artilleur très lourd a un renvoi faible. l’avant centre cannois Mills reprend. le second arrière des chemises bleues Hall sèche la balle qui, poursuivie par quatre pieds agiles, rentre dedans les buts pour un but accordé à Charles, Léon, Ernest. René, c’est-à-dire à Cler.
Cannes, 1 à 0.

II serait vraiment trop fastidieux par cette belle journée de soleil de compter de même des hommes gras et des hommes maigres. mais juste au moment où la mi-temps. allait prendre fin, Kastl jouant en retrait et mâchant de la gomme à claque, se servit heureusement d’une balle que Mills et Baptiste André, Baptiste, Isidore, Nestor Ernest. Karl. je veux dire Baninek, avaient séchée en même temps que Hall déjà nommé pour apporter un second œuf de Pâques à son équipe:
Cannes, 2 à 0.

La deuxième mi-temps fut presque la répétition de la première, à part que le gardien de Sochaux, Pretto, joua prestement et fit quelques beaux arrêts. Et même. plongeant sur la batte en danger, il chut si bien que par son derrière il la creva, ce qui donna lieu à un incident de remise en jeu avec une peau neuve.

Une tête de Mills sur un coup de botte de Béraude fit faire le troisième but et, quant au quatrième, il fut exécuté dans la dernière minute, après que les hommes gras de Sochaux eurent raté un but de l’avant-dernière minute. Un centre parfait de Leslie allait être repris quand Courtois trébucha et roula dans la poussière.

Il faudra, à Sochaux, supprimer la surprime d’alimentation, les hommes sont trop gras.

Robert Guérin