Lucien RUÉ vit le jour le 16 avril 1918 à CHAMPAGNEY, près de BELFORT. Sa naissance fut rapidement suivie d’évènements tragiques : il avait six mois lorsque son père fut tué à la guerre.
Peu après, un soir d’orage, sa mère mourrait foudroyée. Très tôt orphelin, son enfance fut malgré tout heureuse. Le petit Lulu fut élevé avec bienveillance et tendresse par sa grand-mère. Son cycle d’études fut sérieux et appliqué.
Surdoué, c’est presque par hasard que, tardivement à l’âge de dix-sept ans, il débuta le football à l‘U.S. BELFORTAINE. Robuste athlète de 1 m 73 pour 75 kilos, il joua en équipe 1ère dès sa première année et fut rapidement sélectionné en équipe de Bourgogne Franche-Comté.
C’est en sélection régionale où il jouait ailier gauche ou inter, et enfin arrière, qu’il fut remarqué par Étienne MATTLER, qui, persuadé qu’il était un défenseur né, lui prévoyait un destin d’international.
Étienne le fit venir au FC SOCHAUX VALENTIGNEY à l’été 1942 et le prit sous son aile. Lucien passait du jaune et vert au jaune et bleu. MATTLER ne le quitta pas et le façonna à son image. Très sérieux, travailleur (il était en parallèle employé à l’emboutissage des usines PEUGEOT), Lucien suscitait l’admiration du vieux lion MATTLER qui voyait en lui le garçon qu’il était 20 ans plus tôt.
Cette saison 1942/1943, le FCSV termina à la 8ème place du championnat de France interrégional Zone Nord. RUÉ disputa 28 matchs (sur 30) et marqua 1 but (face au RC Paris). Il joua, par ailleurs, les 5 matchs de Coupe de France.

La réforme du funeste Colonel PASCOT de 1943 est particulièrement tragique pour le FC SOCHAUX VALENTIGNEY qui perd sa section professionnelle. Ses membres sont, pour la plupart, mis à la disposition de l’équipe fédérale de Nancy Lorraine.
Après 1 saison au club, Lucien, comme 7 autres Sochaliens, partit donc à Nancy en Août 1943 mais sans Etienne MATTLER qui restera fidèle au FCSV. Véritable protée (couteau Suisse) de l’équipe, il évolua sous les ordres de Paul WARTEL avec un égal bonheur, aux postes d’arrière, demi, inter et ailier gauche mais sa véritable place était arrière. A ce poste, il était considéré comme un des meilleurs «balayeurs» de France. Sous le maillot de l’E.F de NANCY LORRAINE, RUÉ disputa 28 matchs de championnat et remporta la Coupe de France 1944 en jouant tous les matchs.


A l’été 1944, les équipes fédérales étant dissoutes, Lucien RUÉ devait faire son retour au FC SOCHAUX MONTBÉLIARD où son avenir paraissait radieux. Hélas, aux alentours du 10 Août, il décida, à 26 ans, de mettre fin à ses jours. Son geste demeura inexpliqué.
L’écho de Nancy
11 Août 1944
On ne verra plus le souple et dynamique Lucien RUE, sur les terrains de football, dégager la balle dans le style qui lui était tellement particulier.
Las Lulu vient de rompre tragiquement avec cette vie même qui lui paraissait si attachée. Pourquoi ? Dieu seul le sait.
Décrit comme beau garçon plein de santé, toujours gai et le sourire aux lèvres, Lucien RUÉ semblait heureux et insouciant, ne comptant pas ses admiratrices. Il laissera aux témoins de l’époque le souvenir d’un amoureux du ballon rond, d’un sportif loyal et estimé, et du plus charmant des camarades.
Il reste, à aujourd’hui, LA célébrité de la petite commune de Champagney.
