Le Tournoi de l’Exposition Universelle de Bruxelles 1935 dit aussi « Tournoi international de Bruxelles » est une compétition organisée par le Comité Auxiliaire d’Action des Employés et Artisans Chômeurs du grand Bruxelles (C.O.M.I.T.A.C.) qui a eu lieu du 07 au 10 Juin 1935 durant la Pentecôte. Il s’est déroulé en marge de l’Exposition Universelle de Bruxelles qui s’est tenue du 27 Avril au 25 novembre 1935.
Huit équipes Européennes participent au tournoi:
Wisla de Cracovie, champion de Pologne en titre
S. V. Chemnitz, champion de Saxe de 1931 à 1935
Liersche S. K., champion de Belgique en 1931-32 et second cette saison
Feyenoord de Rotterdam, champion de Hollande en 1924 et 1928
Ajax d’Amsterdam, champion de Hollande en titre
F. C. Kickers Offenbach, champion de l’Allemagne de l’Ouest en 1934
FC Sochaux Montbéliard, champion de France professionnels 1935
Daring C. B., champion de Belgique en 1912, 1014 et 1921, et 3eme cette saison.
Le format est à élimination directe: 1/4 de finales, 1/2 finales et finale. Tous les matchs se disputent à Bruxelles, au stade du Heysel (Stade du Centenaire).
Le tirage au sort, réalisé par la commission d’organisation, a désigné le Daring C.B comme adversaire du FC Sochaux Montbéliard.
Vendredi 07 Juin à 16h00
Wisla de Cracovie
P. S. V. Chemnitz
Vendredi 07 Juin à 18h00
Liersche S. K
Feyenoord
Samedi 08 Juin à 16h00
Ajax
Kickers Offenbach
Samedi 08 Juin à 18h00
FC Sochaux Montbéliard
Daring C. B
Préambule
Le FC Sochaux Montbéliard arrive de Reims où il a brillamment inauguré le nouveau stade vélodrome en écrasant l’équipe locale 6 à 1. Il est depuis peu entraîné par André Abegglen qui conserve, en parallèle, son statut de joueur. De l’avis même de la presse locale, le FCSM est le grand favori du Tournoi.
Samuel Wyler confiait avant le départ de l’équipe Franc-Comtoise pour la capitale de la Belgique :
Ce sont les champions de France qui ont été invités en Belgique. C’est l’équipe qui remporta le championnat qui jouera. Toutefois nous emmènerons nos remplaçants habituels, ainsi que nos nouvelles recrues Simonyi et Belko, car une même équipe ne peut pas jouer 4 matches en 4 jours sans ressentir la fatigue.
De son côté, le très actif club des supporters Parisiens organisait un déplacement à Bruxelles pour assister à l’événement et plus.
Le Samedi 08 Juin à 18h00, les 2 équipes se présentent dans les compositions suivantes:
FC Sochaux: Wagner; Lalloué, Mattler; Gougain, Szabo, Lehmann; Plovie, Abegglen, Courtois, Duhart et Belko.
Daring C.B: Rooms; Keurvels, Herremans; Devidts, Teuninck, Van Ingelghem; Torfs, Lamoot, Mondelé, Poelmans et Buyle.
Le FC Sochaux joue en maillot jaune et le Daring C.B en maillot rouge et noir.
Le match
La Libre Belgique
09 Juin 1935
APRES UN MATCH SUPERBE SOCHAUX L’EMPORTE SUR LE DARING PAR 2 BUTS A 1
Première mi-temps.
Le coup d’envol est donné par le Daring qui tente sa première chance par Lamoot dont l’envoi trouve Wagner à la bonne place. Les Sochaliens réagissent aussitôt, mais Keurvels et Herremans dégagent leur camp à grands coups. Pourtant nos compatriotes l’échappent belle lorsque sur raté de Herremans, Plovie botte d’un rien à côté du but. Peu après, une autre occasion s’offre à l’ailler droit français, mais il livre trop haut. Sur une réaction du Daring, Mattler, harcelé, manque de peu de marquer contre les siens en voulant céder à son gardien de but.
Une combinaison en triangle de Sochaux exécutée en vitesse est enrayée pour hors-jeu de Plovie; puis Rooms doit intervenir dans les pieds de Courtois.
A la 18e minute, suite à une belle attaque conduite par le Daring, Buyle centre vers Torfs qui marque à bout portant.
Daring 1 Sochaux 0
Immédiatement après, Lamoot y va à son tour d’un fulgurant envoi que Wagner n’écarte que péniblement.
A la 20e minute, Sochaux opère une énergique réaction; sur, livrée de Courtois, Rooms arrête imparfaitement et chargé par Abbeglen et Herremans, il tombe à terre mais Abbeglen pousse la balle dans le but.
Daring 1 Sochaux 1
Après une timide réaction du Daring, les Français, revenant à la charge, forcent deux coups de coin dont ils ne peuvent tirer parti.
Les Molenbeekois font pourtant mieux que se défendre et sur attaque de leur aile gauche, ils obtiennent un coup de coin que Poelmans botte malheureusement derrière la ligne. Au demeurant, Sochaux attaque le plus souvent, mais ses avants principalement Courtois, se laissent prendre au jeu d’obstruction pratiqué par les arrières belges.
Une autre occasion favorable s’offre à Plovie qui, une fois de plus, livre trop haut; ensuite Courtois lance une nouvelle fois sa ligne d’attaque, laquelle est arrêtée toutefois pour hors-jeu.
Encore une offensive de part et d’autre et le repos survient, les équipes se trouvant à égalité: 1 à 1.
Seconde mi-temps.
La reprise débute par un assaut des Sochaliens que Rooms enraye avec flegme. La réplique du Daring est immédiate mais la défense Française est de taille : une faute de Lalloué est toutefois sanctionnée d’un coup franc botté par Mondelé, mais paré par Wagner. Le Daring, très agressif, maintient sa pression mais rate une belle occasion sur service défectueux de Torfs. Celui-ci se rachète toutefois peu après en provoquant une situation critique éclaircie au prix d’un coup de coin.
Après n’en avoir pas mené large durant un bon moment, Sochaux se dégage; une ouverture de Abbegglen à Belko est terminée dans les filets latéraux, puis sur une percée de Courtois, Rooms sauve un envol à bout portant. Dans l’autre camp, Buyle qui met de belles choses à son actif, manque à nouveau de peu de tromper Wagner. Au cours d’une réaction de Sochaux, Courtois se fait bousculer par Herremans et le coup franc qui en résulte frise la barre transversale,
A aucun moment nos compatriotes ne se laissent émouvoir et on peut même dire qu’ils imposent leur jeu à leurs réputés adversaires. Aussi le camp Français est-il fréquemment alerté, tour à tour par Buyle, Torfs et par Mondelé, lequel manque d’un rien de donner l’avance aux siens, sur envoi échouant dans les filets latéraux. Le Daring, déconcertant de brio, maintient sa suprématie et Buyle, notamment, y va d’un effort personnel qui aboutit trop haut. Enfin Sochaux tente une diversion par Belko dont le centre repris en force par Plovie trouve Rooms à la bonne place.
A la 41e minute, Sochaux étant parvenu à desserrer l’étreinte, Courtois lance Belko qui de volée marque dans le plafond du but.
Daring 1 Sochaux 2
Courageusement, le Daring se reporte à l’offensive et obtient encore un coup franc par Lamoot mais la balle est dégagée. Bientôt le coup de sifflet final retentit, emportant les dernières espérances du Daring qui s’incline par 1 à 2, alors qu’en toute équité un résultat inverse eut plus justement rendu la physionomie de cette émotionnante partie dont la populaire phalange molenbeekoise sort grandie.
Le club rouge et noir a, en effet. eu le mérite rare sans doute d’avoir forcé la redoutable formation sochalienne à donner le meilleur d’elle-même pour s’attribuer la victoire, laquelle encore ne fut acquise qu’in-extremis et d’extrême justesse. Disons encore à l’éloge du Daring que, dans l’ensemble, il domina territorialement durant les deux tiers de la partie.
Et maintenant, les rencontres Wisia-Liersche et Ajax-Sochaux, respectivement à 4 et 6 heures, nous vaudront, dimanche. d’autres émotions.
Résultats des quarts de finale:
Wisla de Cracovie 7 P.S.V. Chemnitz 5
Liersche S. K. 4 Feyenoord de Rotterdam 2
Ajax d’Amsterdam 2 F. C. Kickers Offenbach 1
FC Sochaux Montbéliard 2 Daring C. B 1
Le tirage au sort des demi-finales désigne l’Ajax d’Amsterdam comme adversaire du FC Sochaux Montbéliard sauf que les Bataves craignent terriblement le grand favori du tournoi et contestent le tirage au sort. Ils vont jusqu’à refuser de jouer et récuser l’arbitre désigné. Après une heure et demie de discussions, l’organisation cède aux caprices de l’Ajax et, après avoir recueilli l’accord du FCSM, lui oppose le Wisla de Cracovie. Le beau geste des dirigeants Sochaliens sauvera la suite de la compétition. Contraint et forcé, Sochaux rencontrera donc le Liersche SK.
Pour ce match, Abegglen effectue 5 remplacements : Wagner par Lozes, Lalloué par Payne, Lehmann par Szabo, Plovie par Simonyi et lui-même par Laurent.
Le Dimanche 09 Juin à 16h00, les 2 équipes se présentent dans les compositions suivantes:
FC Sochaux: Lozes; Payne (Excelsior), Mattler; Gougain, Pohan, Szabo; Courtois, Duhart, Simonyi, Laurent et Belko.
Liersche S.K.: Christiaens; Simons, Vanden Bossche; Willems, Klebooms, Klockaerts; Van Peborgh, Voorhoof, Van Horahaegen, Dekeyser et Brugghe.
Le FC Sochaux joue en maillot blanc, short bleu et Liersche en maillot jaune et noir.
Le match
Journal Le Soir
10 Juin 1935
Premier time
Le Liersche, qui a gagné le toss, force les Sochaliens à jouer durant la première moitié face au soleil. Les Lierrols attaquent les premiers. Dekeyser est sur le point de marquer, de même que Voorhoof, sur une superbe ouverture de Van Peborgh. Puis, Christiaens est très à l’ouvrage sur un envol de Simonlyl. Puis Van Horshaegen, après un effort personnel, rate le but d’un rien.
Sur une nouvelle attaque Lierrolse, on note un bel envol de Van Horshaegen, adroitement arrêté par Lozes. A la 22e minute. Courtois, sur passe de Duhart, ouvre la marque. Ce shot était imparable.
Sochaux 1 Liersche 0
Les Lierrois répliquent par une offensive rapide; Lozes doit se coucher sur le ballon pour le ravir à De keyser. Van Horshaegen, touché, se fait soigner hors du terrain. Bien que réduits à dix, les Belges ont l’initiative des attaques. A la 35e minute, Simonyi, sur passe de Duhart, augmente l’avance de Sochaux.
Sochaux 2 Liersche 0
Nullement découragée, l’équipe des jaune et noir essaie de refaire le terrain perdu. Van Horshaegen, qui vient de rentrer au jeu, shoote à quelques centimètres au-dessus du but. Sochaux, qui joue beaucoup mieux qu’hier, reprend le meilleur par la suite. L’aile droite Courtols-Dubart, surtout, se montre effective.
Au repos, l’équipe de Montbéliard mène par 2 buts à 0.
Deuxième time
Cette fois les Lierrois auront le soleil dans les yeux. Au début, les Sochaliens prennent le meilleur, puis Brugghe rate une jolie occasion, Après trois dribblings d’affilée, Voorhoof shote dans le coin au but. Lozes, en forme, arrête avec brio. C’est le même Lozes qui se trouvait dans les buts Français à Colombes lorsque la Belgique battit la France par 6 à 1. Le keeper de Sochaux n’était pas en bonne forme à ce moment-là, il s’en faut et de beaucoup. Aujourd’hui, au contraire, il prouve qu’il a de la classe. Et voici, pour revenir au match, Belko qui s’est approché du but, dépasse Simons et expédie un bolide que Christiaens n’avait aucune chance d’arrêter.
Sochaux 3 Liersche 0
Deux minutes plus tard, Simonyi réussit un 4e goal.
Sochaux 4 Liersche 0
Faut-il vous dire que, dès à présent, la partie est jouée. L’équipe Lierroise subit d’ailleurs un sérieux handicap, Van Peborgh passe au centre-avant, à la place de Van Orshagen, ce qui désorganise une ligne qui avait si bien évolué au cours de la première mi-temps. Laurent à la 25e minute, sur une passe de toute beauté de Duhart, porte irrésistiblement la marque à 0-5.
Sochaux 5 Liersche 0
Courtols, sans douleur, inscrit un 6me but à la 33eme minute.
Sochaux 6 Liersche 0
Les Sochallens modifient quelque peu leur équipe. Mattler joue extérieur gauche, Duhart centre-demi et Pohau back gauche. L’équipe néo-Française compte bientôt un 7e but par Coutrols, à la 38eme minute.
Sochaux 7 Liersche 0
Les champions de France dominent les Lierrois. Laurent, via le pied de Vanden Boosche, marque un 8eme but à la 43e minute.
Sochaux 8 Liersche 0
C’est la déroute complète chez les Lierrols. Le match prend fin après que Brugghe eut raté un but tout fait.
Le Daring avait fait bonne contenance en face de Sochaux. Pour les demi- finales, les Français se sont donnés à fond dès le début et le Liersche en a fait les frais: 8-0. Score catastrophique, mais nullement forcé. Les Sochaliens se sont joués des Lierrois et ont pratiqué un football de grande classe. En artistes du ballon rond, les « Français » ont accumulé huit goals dans le but de Christiaens. Quels merveilleux joueurs que Duhart, Belko, Courtois et Simonyi. Lucien Laurent complétait heureusement ce quintette. Lozes, dans le but, joua avec sa chance habituelle; c’est tout dire.
Parmi les Lierrois, seul Christiaens se défendit jusqu’au bout. Simons ne reproduisit guère sa forme des éliminatoires.
Résultats des demi-finales:
Ajax d’Amsterdam 5 Wisla de Cracovie 3
FC Sochaux Montbéliard 8 Liersche S. K. 0
Pour la finale, Abegglen modifie une nouvelle fois l’équipe. Duhart, pourtant brillant lors des 2 premiers matchs, ne joue pas. Abegglen évolue à gauche, Courtois à droite et, plus surprenant, Szabo en attaque.
Au total, 5 changements: Lozes par Wagner, Payne par Lalloué, Gougain par Finot, Duhart par Lehmann et Laurent par Abegglen,
Le Lundi 10 Juin à 16h00, les 2 équipes se présentent dans les compositions suivantes:
FC Sochaux: Wagner; Lalloué, Mattler; Finot, Pohan, Lehmann; Courtois, Szabo, Simonyi, Abegglen et Belko (puis Germain).
Ajax Amsterdam: Keiser; Van Diepenbeeck, Strybosch; Gischler, Anderlessen, Puttelaer; Fischer, Ten Have, Blomvliet, Schubert et Mulders.
Le FC Sochaux joue en maillot jaune et L’Ajax en maillot rouge et blanc.
A la demi-heure de jeu, sans raison apparente, Belko sera remplacé par Germain à l’aile gauche. En seconde mi-temps, Courtois passera au centre, Simonyi à l’intérieur droit, Finot à l’aile droite et Szabo au demi d’aile.
Le match
L’indépendance Belge
11 Juin 1935
Première mi-temps
Par un vent violent, les Français, qui jouent du vrai football, recueillent les applaudissements du public, sensible aux prouesses de Courtois, Simonyi et autres Abbeglen. Et pourtant devant un adversaire de cette classe Ajax joue en grande équipe. Son jeu est effectif. Aucune fantaisie. La méthode directe. Grande passe, débordement par les ailes.
Sochaux, qui a perdu le toss, mène la première attaque. Dans l’autre camp, deux coups de coin concédés aux Hollandals restent sans suite. Les intérieurs sochaliens se mettent en action et amorcent de nombreuses offensives. Simonyi et les deux extérieurs sont servis à souhait, mais la défense d’Ajax se démène avec succès.
L’entente entre les backs et les halves s’avère efficace. Putelaar, en excellente forme, anihile l’action de Courtois, qui se replie exagérément vers le centre. Pour être moins nombreuses, les descentes Hollandaises n’en sont pas moins fort dangereuses.
Blomvliet s’avance tout seul vers le but, Lalloué veut intervenir, mais il envole le ballon vers ses propres filets. Le cuir frappe le poteau, revient dans le jeu, et Mattler s’empresse de dégager au loin.
Mulders se mit en vedette par des rushes et des dribblings de belle facture. La foule applaudit tour à tour les deux équipes, qui ne reproduisent cependant leur forme de la veille. A Sochaux, le shot ne part pas, tandis qu’Ajax joue trop en défense. Keyser est le plus souvent à l’ouvrage, et s’en tire tout à son honneur. Belko quitte le jeu et est remplacé par Germain. La raison de ce départ reste pour nous un mystère.
Sochaux reste à l’attaque, mais seul Simonyi essaie au but… de trop loin. Brusquement, Blomvliet s’échappe, Lehman intervient mal à propos, le centre-avant Hollandats dribble Mattler et ouvre irrésistiblement le score. On joue depuis quarante minutes.
Sochaux 0 Ajax 1
Ce succès est fort applaudi par la foule qui encourage par la suite brillamment les Français, qui restent toujours à l’attaque. Quelques secondes avant le repos, Szabo commet un vilain foul contre Putelaar, ce qui lui vaut un sévère rappel à l’ordre de l’arbitre. Au repos : 1-0.
Seconde mi-temps
A la reprise, les Sochaliens présentent un team modifié Courtois est centre- avant, Simonyi Joue intérieur droit, Szabo demi et Finot extérieur.
Le jeu a repris depuis quelques instants à peine qu’il doit être interrompu, Blomvliet ayant déchiré son pantalon au cours d’une collision.
Les Hollandais sont les premiers à l’attaque. Mais, sans tarder, les Français s’y mettent pour combler leur retard. Ce rien de réussite qui force les victoires leur manque aujourd’hui. De plus, Germain n’est pas de la classe de ses partenaires et fait avorter de belles offensives. Les Hollandais profitent de chaque occasion qui leur est offerte pour contre-attaquer. Wayner doit chaque fois intervenir. Il le fait avec succès. Sochaux poursuit ses offensives par les ailes et par le centre. Courtois shoote souvent, mais la précision n’y est pas. Simonyi botte, Keyser plonge, mais Strybosch fait dévier le ballon en corner. Enfin, à la 26eme minute, sur centre de Germain, une mêlée se produit devant Keyser, qui sort et rate. Abegglen, en bonne position, marque dans le goal vide. C’est l’enthousiasme dans le clan Français qui exulte.
Sochaux 1 Ajax 1
Fouettés par cet insuccès, les Hollandais passent à l’offensive. Wagner sort et rate. Lehmann est assez heureux de dégager.
Les deux équipes se donnent à fond pour enlever la victoire. Les attaques se succèdent dans les deux camps. Les situations dangereuses devant Wagner et Keyser tiennent les spectateurs en haleine. Un dur envoi de Courtois trouve un back sur sa trajectoire. Germain s’élance mais rate une belle occasion. Il ne reste plus que cinq minutes à jouer. Mulders file seul le long de sa ligne; son centre est repris par Blomvliet qui marque imparablement. Wagner a plongé en vain.
Sochaux 1 Ajax 2
Coup franc pour Sochaux près du but. Simonyi botte en force, mais le rideau des joueurs hollandais arrête le ballon. Les halves d’Ajax se replient en défense, et Sochaux met tout à l’attaque. Mais c’est en vain. Le coup de sifflet retentit, consacrant la victoire des Amstellodamois dont le capitaine est aussitôt félicité par Abegglen.
Ajax termine vainqueur du Tournoi, battant les champions de France par 2 buts à 1. Sochaux ne mérita pas de gagner ce match où il fut peut-être aussi victime d’un excès de confiance.
M Renevier procéda, devant la tribune, à la remise des coupes et des plaquettes.
Match pour la 3ème place:
Liersche S. K bat Wisla de Cracovie 3 à 2
Considérations
Journal Les Sports
12 Juin 1935
Le F. C. Sochaux partait grand favori, surtout à l’issue de la demi-finale au cours de laquelle il pulvérisa le Liersche. Mais le onze qui pratiqua en finale se présenta sérieusement affaibli, commit plusieurs erreurs de tactique. Opposé à un adversaire coriace, jouant avec un cran magnifique, comme avait fait précédemment le Daring, la belle mécanique Française fut enrayée, fut détruite.
L’idole tomba, non sans avoir tenté jusqu’à l’ultime seconde de rétablir la situation. L’idole tomba, sans pour cela avoir démérité. Et si l’exhibition fut moins bonne contre Ajax, elle apparut cependant encore superbe, malgré tout. Les Français furent battus en force mais ils émergèrent par le style, par l’élégance.
La finale du Tournoi de Pentecôte fut une clôture digne de cette splendide fête du muscle qui, pendant quatre jours, retint l’attention des sportifs de France, d’Allemagne, de Hollande, de Pologne et de Belgique. Encore qu’elle se soit terminée par la victoire d’un outsider, elle n’enlève rien au prestige de l’organisation,
Les deux onze luttèrent de bout en bout, avec un cran réellement admirable, s’assurant l’avantage à tour de rôle, et laissant entrevoir la possibilité de recourir des extra-times pour les départager. Il ne fallut pas en venir là car les Hollandais surent au bon moment inscrire le but que justifia la plus grande décision des forwards.
Il nous parait plus intéressant d’essayer de rechercher les causes de la défaite du F C. Sochaux dont la tenue impeccable avait conquis le publie au point que celui-ci ne lui ménage ni sa sympathie, ni ses applaudissements. Malheureusement pour les vaincus, ces marques d’encouragement laissèrent les Hollandais très froids.
La défaite de Sochaux est trop surprenante pour qu’elle ne comporte pas de circonstances atténuantes. Il est un fait établi que l’équipe qui joua en finale était loin de valoir celle qui fit une exhibition devant le Liersche.
Pour composer le onze, les sélectionneurs devaient tenir compte de plusieurs éléments, à savoir la forme des joueurs, les blessures handicapant d’autres et envisager également les droits de priorité de certains. Nombreux sont ceux qui préférèrent le keeper Lozes à Wagner. Mais Wagner était le portier attitré de l’équipe française; c’est pourquoi il joua la finale.
L’on s’étonna de la non-participation de Duhart. Elle fut, paraît-il, due à une blessure uniquement. Et l’on put se rendre compte que malgré sa nonchalance et sa lenteur, Duhart est un élément qui se rend indispensable dans un team.
Il manquait aussi en finale l’extérieur gauche Belko qui dut se retirer pendant le premier time, croqué. Tout cela contribua à désorganiser le onze sochalien, l’obligeant même à des changements, à des remaniements pendant la rencontre, remaniements qui achevèrent de détruire la belle mécanique.
Face à un rival acceptant la bataille, les Français ne purent opérer comme ils l’eussent voulu. Ils reconnurent après le match qu’ils avaient joué beaucoup moins bien que la veille, que la plupart de leurs passes avalent manqué de précision et que leur contrôle sur la balle était apparu beaucoup moins sûr.
Ils reconnurent enfin qu’ils avaient commis une erreur en concentrant toujours le jeu sur leur fameux intérieur gauche Trello Abegglen. Trello Abeggien est l’âme du F. C. Sochaux comme il est l’âme de l’équipe nationale Suisse. Mais le football demeure avant tout un jeu d’équipe qui, conséquemment, ne peut être à la merci d’un seul joueur.
Brillant en première mi-tempe, Abegglen déclina après la pause, n’étant plus à même d’enlever la ligne d’attaque avec le brio qui hui est coutumier. C’est à cet instant que l’on se rendit parfaitement compte de l’absence de Duhart. Avec Duhart, l’équipe Sochallenne possédait deux constructeurs de jeu pouvant alimenter leurs partenaires à tour de rôle. Avec Abeggien seul, l’équipe perdait après la pause cinquante pour cent de ses moyens.
Devant une formation qui la dominait largement en science, Sochaux pratiqua pourtant un meilleur football dimanche, Ajax se comporta remarquablement. Les champions de Hollande jouèrent plus sobrement, certes, mais on reconnaitra que lundi leurs éléments effectuèrent des passes souvent égales à celles de leurs adversaires, et que par dessus le marché, ils commirent beaucoup moins d’erreurs.
La force l’emporta sur la finesse; les Français perdirent la partie à vouloir se montrer trop artistes. Les Hollandais gagnèrent parce que, bien en souffle. plus décidés, nantis d’un moral supérieur et, ne craignons pas de l’ajouter, parce que souvent plus rapides sur le cuir.
Ajax livra une toute grande partie. Ce ne fut pas cette fois la force brutale qui lui fit accomplir une bonne performance. Et sa tenue dans cette finale racheta simplement ses performances antérieures. En même temps, l’équipe retrouvait, à l’issue du choc, pas mal de sympathies perdues, précisément à cause d’une ardeur excessive.
Au final, le FC Sochaux-Montbéliard termine second de ce prestigieux tournoi qu’il aurait dû largement gagner. On comprend que la gestion de l’effectif, par André Abegglen, a prêté à discussion , tant hors que sur le terrain. Son expérience au poste d’entraineur prendra rapidement fin. Dès Décembre, après un début de saison catastrophique du FCSM, Conrad Ross sera rappelé d’urgence.
Même si la victoire en finale de l’Ajax d’Amsterdam ne souffre d’aucune discussion, son comportement peu glorieux, lors du tirage au sort devant désigner les demi-finales, a vraisemblablement faussé la compétition.
Petite consolation: Lehmann, Duhart, Abegglen et Courtois furent désignés dans l’équipe type de l’épreuve.
Les feuilles de match
Le 08 Juin 1935 FC Sochaux bat Daring C.B 2 à 1
Stade du Heysel
6.000 Spectateurs
Arbitre: M Lamoureux
FC Sochaux: Wagner; Lalloué, Mattler; Gougain, Szabo, Lehmann; Plovie, Abegglen, Courtois, Duhart et Belko.
Daring C. B.: Rooms; Keurvels, Herremans; Devidts, Teuninck, Van Ingelghem; Torfs, Lamoot, Mondelé, Poelmans et Buyle.
Buts FC Sochaux: Abegglen 20 ‘ Belko 86’ (passe Courtois)
But Daring C.B : Torfs 18 ‘ (passe Buyle)
Le 09 Juin 1935 FC Sochaux bat Liersche S.K 8 à 0
Stade du Heysel
7.000 Spectateurs
Arbitre: M Baert
FC Sochaux: Lozes; Payne (Excelsior), Mattler; Gougain, Pohan, Szabo; Courtols, Duhart, Simonyi, Laurent et Belko.
Liersche S.K: Christiaens; Simons, Vanden Bossche; Willems, Klebooms, Klockaerts; Van Peborgh, Voorhoof, Van Horahaegen, Dekeyser et Brugghe.
Buts FC Sochaux: Courtois 22′ (passe Duhart) 78′ 83′ Simonyi 38′ 58′ (passe Courtois) Laurent 70′ (passe Duhart) 88′ Belko 60′
Le 10 Juin 1935 Ajax bat FC Sochaux 2 à 1
Stade du Heysel
8 .000 Spectateurs
Arbitre: M Langenus
FC Sochaux: Wagner; Lalloué, Mattler; Finot, Pohan, Lehmann; Courtois, Szabo, Simonyi, Abegglen et Belko (puis Germain).
Ajax Amsterdam: Keiser; Van Diepenbeeck, Strybosch; Gischler, Anderlessen, Puttelaer; Fischer, Ten Have, Blomvliet, Schubert et Mulders.
But FC Sochaux: Abegglen 69′ (passe Courtois)
Buts Ajax Amsterdam: Blomvliet 40′ 83′