05 Novembre 1950
FC Sochaux-Montbéliard
bat RC Strasbourg 5 Buts à 0

Avant cette 12ème journée de championnat, le FC Sochaux Montbéliard pointe à une décevante 15ème place (sur 18 participants) avec seulement 2 points d’avance sur le dernier, Toulouse. Fragassi a pris la place de Lorius dans les buts. Michel Jacques, natif de Sochaux, évoluait en équipe première du FCSM depuis 1940. Après 177 matchs et 71 buts pour son club de toujours, il a rejoint le RC Strasbourg à l’inter saison. Ce match est tellement pour lui un crève coeur qu’il a demandé, mais son succès, à en être dispensé.

Le FCSM reste sur un précieux succès à Roubaix. Pour ce match, seul Heiné, blessé, manque à l’appel.

Le RC Strasbourg, de son côté, est leader du championnat avec 5 points d’avance sur ses seconds, Rennes et Reims. Avec 8 victoires et 3 matchs nuls, il est toujours invaincu. L’arrière central Vaviniac, blessé à le cheville, est remplacé par Georges Remetter.

Ecuson Fcs(1)

Le 05 Novembre 1950, les 2 équipes se présentent au Stade Bonal dans les compositions suivantes:

FC Sochaux Montbéliard: 1 Fragassi, 2 Janczewski, 5 Chabot, 3 Rachinski,  4 Marcel, 6 J. Tellechéa, 8 Humpal, 10 R. Tellechéa, 7 Gardien, 9 Courtois, 11 Reignier. Entr. : Wartel.

RC Strasbourg: 1 Schaeffer,  2 Hauss, 5 Remetter, 3 Deckert, 4 Krug, 6 Vanags, 8 Nagy, 10 Jacques, 7 Battistella, 9 Bihel, 11 Haan. Entr. : Nicolas.

Le FC Sochaux Montbéliard joue en maillot jaune et le RC Strasbourg en maillot bleu et blanc.

Le match débute à 15H00.

Ecuson Fcs(1)

Le Match

Newspaper ImageL’équipe
06 Novembre 1950

Courtois a conduit les Sochaliens à une belle victoire devant Strasbourg

La surprise qui était espérée par les clubs lancés à la pour- suite de Strasbourg vient de se réaliser à Sochaux. Mais cette surprise prend un caractère tout différent de celui envisagé. La victoire que Sochaux vient de remporter sur Strasbourg en présence de 13.000 spectateurs est, en effet, la récompense d’une partie absolument remarquable. L’équipe sochalienne retrouve enfin une cadence de jeu et une réussite qui lui avaient fait défaut depuis le début de la saison. Les Strasbourgeois étaient absolument unanimes pour déclarer que personne n’aurait rien pu contre Sochaux.

Le match mit particulièrement en vedette le vétéran des joueurs professionnels français, Roger Courtois. Il fut le principal artisan de la déroute strasbourgeoise

7 corners pour Sochaux

La physionomie générale du match se reflète assez bien dans le score de 5 buts à 0, puisque, s’il fallait en confirmer la rigueur, il suffirait de dire que Sochaux obtint sept corners contre trois et que l’arbitre lui refusa trois buts pour hors jeu. Par contre, une seule action offensive de Strasbourg trompa la défense sochalienne, mais le shot de Vanags s’aplatit sur l’un des poteaux de buts.

Auparavant, Courtois d’abord, à la 5ème minute, puis Reigner, à la 7ème, paraissaient avoir donné l’issue du match en marquant d’une façon remarquable les deux premiers buts. Le léger fléchissement des Sochaliens en fin de de première mi-temps et l’alerte donnée par Vanags furent, par la suite, très largement compensés par le brio avec lequel Courtois et Humpal, fortement appuyés par Tellechéa et Marcel, lancèrent leurs jeunes coéquipiers à l’assaut des buts strasbourgeois.

A aucun moment les leaders championnat n’ont donné l’impression de retrouver leur équilibre. Ils ont terminé le match à l’exemple d’un boxeur qui aurait été fortement ébranlé d’un coup malheureux au début de la rencontre. Par contre, Sochaux joua non pas en club de queue de classement, mais au contraire comme une équipe tenant à prouver que sa position actuelle ne reflète pas du tout ses possibilités.

D’ailleurs, trois buts devaient confirmer cette impression. Ils ont été réalisés à la 70ème minute par Reigner, à la 74ème par Humpal sur un penalty donnant compensation du fauchage en règle de Gardien sur le point de marquer. Enfin, comme il avait ouvert le score, Roger Courtois devait, en clôture, marquer un autre but après un shot imparable, achevant le dribble de trois adversaires. C’était à la 83ème minute du match.

Si Strasbourg donna, aujourd’hui, l’impression d’un leader fantomatique n’ayant rien de commun avec celui que nous avions vu contre Lille, une semaine plus tôt, la performance de Sochaux ne doit pas en être mésestimée pour autant. Cette équipe, dont on comprend malaisément la position au classement, a manœuvré avec beaucoup d’aisance et de subtilité et un succès plus imposant encore de sa part n’eût aucunement été trop flatteur. Strasbourg dut même de n’être mené que 2-0 au repos à plusieurs fautes de jeunesse des ailiers Gardien et Reigner qui, selon les indications de leur entraineur Wartel, faisaient partir leurs actions d’assez loin, les menaient avec beaucoup de vivacité, d’à-propos et d’entregent, mais… les terminaient souvent avec moins de bonheur. Reigner doit pourtant être cité parmi les meilleurs éléments d’une équipe en pleine renaissance, avec les demis Marcel et Tellechéa I, maitres absolus au milieu du terrain, surtout en seconde mi-temps et les avants Tellechéa Il et Humpal, ce dernier spécialement après le repos.

Mais le grand homme de Sochaux et du match fut notre vétéran Roger Courtois qui donna un véritable festival de technique aux spectateurs, à ses équipiers et…. à ses adversaires. Ses amortis, ses déviations de balle en pleine course vers le partenaire démarqué, son aisance, son extrême lucidité dans l’orientation offensive, aussi bien que dans ses entreprises personnelles, tout cela fut, cet après-midi, marqué d’un paraphe de grand seigneur du football. Un grand seigneur de 38 ans !

Ecuson Fcs(1)

La feuille de Match

Stade Bonal
13.000 spectateurs
Arbitre: M. Harzig

FC Sochaux Montbéliard: 1 Fragassi, 2 Janczewski, 5 Chabot, 3 Rachinski,  4 Marcel, 6 J. Tellechéa, 8 Humpal, 10 R. Tellechéa, 7 Gardien, 9 Courtois, 11 Reignier. Entr. : Wartel.

RC Strasbourg: 1 Schaeffer,  2 Hauss, 5 Remetter, 3 Deckert, 4 Krug, 6 Vanags, 8 Nagy, 10 Jacques, 7 Battistella, 9 Bihel, 11 Haan. Entr. : Nicolas.

Buts FC Sochaux Montbéliard: Courtois (5’ et 83’), Reignier (9’ et 68′) , Humpal (74′ penalty).

Ecuson Fcs(1)

Considérations

À la page l'hebdomadaire des jeunes 1950 11 09 courtois2A 38 ans, Roger Courtois aura été le grand artisan de ce succès retentissant. Cette victoire du FC Sochaux-Montbéliard, inattendue par son ampleur,  aura le mérite de relancer le championnat. Le FCSM l’emportera 2 à 0 à Toulouse la journée suivante puis s’éteindra pour terminer 12ème.

Le RC Strasbourg enchaînera 6 défaites consécutives et finira à la 9ème place du classement mais se consolera, cependant, en remportant sa 1ère Coupe de France.

Ecuson Fcs(1)