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03 Février 1935
1/8 finale CDF face au RC Paris
Le FC Sochaux-Montbéliard
inscrit 5 buts lors des prolongations

La venue du FC Sochaux-Montbéliard à Paris est toujours un évènement avant guerre. Le FCSM y est l’équipe la plus appréciée de l’hexagone, attirant une foule considérable à chacune de ses prestations. Les fantaisies du calendrier du championnat professionnel ont tenu éloigné de la capitale le F. C. Sochaux, vedette de la saison avec Strasbourg. La Coupe de France a comblé cette lacune en désignant la scientifique formation sochalienne comme l’adversaire du Racing Club de Paris. Faisant preuve d’une belle sportivité, les dirigeants Franc-Comtois ont accepté de disputer cette rencontre au Parc des Princes, habituelle  antre du RC Paris.

Pour ce match vedette des huitièmes de finale de la coupe de France 1934/1935, le FC Sochaux Montbéliard se présente au Parc des Princes en leader du Championnat de France. Invaincu depuis fin Octobre 1934 et une défaite au stade de la Forge face au RC Strasbourg, le FCSM vient de s’imposer à Nîmes 2 à 0. L’équipe a réalisé la performance exceptionnelle de marquer, en 21 matchs, 56 buts tout en en encaissant que 21.

Partis par le train, les Sochaliens sont arrivés en gare de l’Est, la veille, à 21H00 avant de rejoindre leur hôtel à Versailles. Pedro Duhart vient d’être naturalisé Français, permettant la titularisation de Leslie Miller à l’aile gauche. Pour ce match, Conrad Ross prend la place de Szabo.

Le directeur sportif Etienne Gredy est confiant mais demeure méfiant:

Nous n’avons pas très confiance en la formation annoncée par le Racing et sommes persuadés que Jean-Bernard Lévy alignera tous ses meilleurs éléments. Le Racing a eu, certes, un accident dimanche dernier, mais l’expérience nous a déjà trop prouvé qu’en face de Sochaux le onze parisien réalise toujours d’excellentes performances qui plusieurs fois nous ont été fatales, et notamment en Coupe de France à Tourcoing.

Nous n’avons qu’un souci, c’est de présenter nos hommes dans leur meilleure forme, car nous savons que la lutte sera dure.

De son coté, le RC Paris est 4ème du Championnat de France. Les Pingouins viennent, sous la neige, d’être corrigés à Strasbourg par 6 à 0. En défense, Anatol remplace Diagne, blessé. Banide, Sharwath et Kennedy sont indisponibles.

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L’avant Match vu des médias

Newspaper ImageParis soir
03 Février 1935

Sochaux à Paris

Ce sera la grande rencontre de la journée que celle qui opposera au Parc des Princes Sochaux au Racing. Les records risquent fortement d’être battus en raison des débuts parisiens pour la saison 1934-1935 de Sochaux.

On qualifie Sochaux de meilleure équipe française du moment. Cette appellation est justifiée. Sochaux, par sa méthode, sa tactique, ses individualités brillantes a tout de la grande équipe. Son exhibition sera sans doute très goûtée et le match du spectaculaire Duhart, inconnu des Parisiens, est un petit événement qui fera jaser.

Depuis sa création le Football Club de Sochaux a toujours aligné des formations redoutables, mais il se présente cette fois avec la plus belle collection qu’il ait jamais réussi à rassembler dans une épreuve officielle.

Précisons que son gardien Wagner est remplaçant de l’équipe nationale et a été plusieurs fois sélectionné dans l’équipe B de France ; on connaît Mattler, trente fois international et capitaine de l’équipe de France. Son compère Lalloué qui opère à l’arrière avec lui, retient cette année l’attention des sélectionneurs. Lehman vient de revêtir pour la première fois le maillot « frappé du coq » et ses débuts ont été très remarqués. Ross, l’Uruguayen entraîneur et demi centré est le cerveau de l’équipe. Gougain, qui complète la lignée intermédiaire, est remplaçant de l’équipe de France.

Le grand ailier gauche Leslie Miller, joueur anglais formé à Sochaux, est l’un des meilleurs opérant en France ; l’athlétique Duhart qui sera dimanche l’objet de la curiosité de la foule parisienne, faisait, il n’y a pas si longtemps, les beaux jours du « Nacional » de Montevideo qui n’est autre que l’équipe nationale de l’Uruguay. Courtois, la révélation du football français, international, joue indistinctement à toutes les places de la ligné d’avants. Abegglen, trente-trois fois international suisse est l’un des meilleurs inters d’Europe. On reverra avec plaisir l’ancien Capiste Finot, international, remarquable par sa vitesse et sa volonté.

C’est vraiment un bel album que possèdent les dirigeants du « onze Peugeotiste », un album que les spectateurs parisiens feuillèteront dimanche avec passion.

Logiquement, on ne peut accorder au Racing une chance. Pourtant sa nette défaite de Strasbourg a été un excellent stimulant et son épiderme sensible en a été affecté. Certes, la victoire du Racing n’est pas Imprévisible. De ce côté-là, il se trouve aussi de grandes vedettes. Mais ont-elles un rendement aussi efficace et surtout sont-elles asservies sous la même tactique. C’est là le point crucial du Racing et si l’équipe parisienne se découvre une méthode et qu’elle fasse preuve de l’impersonnalité et de la mobilité nécessaires, elle peut nous étonner.

M Queuille, ministre de la Santé Publique. assistera au match, mais officieusement, à titre privé et simplement parce qu’il est un vrai sportif qu’une partie comme celle qui doit se jouer cet après-midi, au Parc des Princes, intéresse pour ce qu’elle porte en elle-même de beauté des gestes et du jeu.

Jean Eskenazi.

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Le 03 Février 1935, sous les yeux du Champion du Monde de boxe Marcel Thil, les 2 équipes se présentent dans les compositions suivantes:

RC Paris: Hiden; Anatol, Schmitt : Jordan, Gautheroux, Delfour; Mercier, Ozenne, Cafmeyer, Veinante, Galey.

FC Sochaux Montbéliard: Wagner; Lalloué, Mattler; Gougain, Ross, Lehmann; Finot, Abegglen, Courtois, Duhart, Leslie Miller.

Le RC Paris joue en maillot bleu ciel à manches blanches et le FC Sochaux Montbéliard en maillot jaune.

Le match débute à 14H30.

A noter que la rencontre est radiodiffusée en direct sur le Poste Parisien, commentée par Georges Briquet, un grand journaliste sportif de l’époque.

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Le Match

Newspaper ImageParis Soir
04 Février 1935

Les Boutons d’Or, de Sochaux, portant sur leurs épaules le lourd fardeau de leur célébrité, tentèrent devant les 35.000 spectateurs assemblés autour de la verte pelouse du Parc des Princes, de justifier leur réputation solidement acquise.

La tâche s’avéra d’entrée bien difficile car, dans cette bataille, le Racing n’avait rien à perdre.

Et cette balle morte qui entra timidement, presque confuse dans les filets de Sochaux, alors que Wagner était à terre, semblait arriver à point pour aussi des situations acquises. Cette incertitude qui plane au-dessus des matches qui semblent courus d’avance, qui dira ce qu’elle renferme de charme, que seuls les supporters du club favori ne peuvent apprécier. Mais quelle étreinte puissante pour la grande foule !

Sochaux mis à l’ouvrage. Impuissant à réaliser en première mi-temps, soit qu’il avait voulu fignoler et jouer trop en professeur, laisse passer l’attaque parisienne dégagée de toute contrainte.

Et les Franc-Comtois faisaient songer à ces artistes de province qui arrivent à Paris précédés d’une très grande réputation et qui montent sur scène avec le trac.

Impressionnés, Ils l’étaient par l’ampleur du cadre, par la foule immense, par la réputation qui les a précédé à Paris. Par moment, la classe de leur football apparaissait brillante, nette, sans tache, d’un geste félin, d’une élégance racée.

Et tout était à refaire. Et la foule se passionnait maintenant pour le résultat alors qu’elle était venue pour assister à une démonstration.

Ceux qui n’avaient pas encore vu jouer Sochaux de la saison s’exclamaient : « Mais ils pratiquent un jeu d’Europe Centrale ». — C’est le jeu de Servette avec moins de fini — ajoute un Suisse.

Duhart ne démarre pas assez, le Racing résiste par sa vitesse supérieure. Mais les professeurs repartaient avec le handicap d’un but montrèrent d’emblée leurs possibilités en rentrant, grâce au chauve Abbeglen, le but d’égalisation.

Et les chevaliers « tant pis » changèrent leurs batteries. Langier qui, à la mi-temps, pronostiquait 2 à 0 pour le Racing, convenait qu’il s’était trompé, car Sochaux se montrait enfin sous son vrai jour et ses demis dominés au début par ceux du Racing, se resaisissaient.

A la tribune officielle, M. François Pietri, ministre de la Marine, applaudissait le beau football pratiqué des deux côtés et toute la foule acclamait les admirables arrêts d’Hiden bondissant comme un chat-tigre sur la balle qu’il happe du bout des doigts et d’un geste combien sûr.

La vitesse et la technique

En pleine démonstration de Sochaux, le Racing interrompt le redressement adverse pour botter un second but. Et cette fois les choses devenaient sérieuses. La situation apparaissait bien grave pour Sochaux. La foule, ballottée entre deux mouvements, celui qui la pousse à encourager les faibles et celui qui t’incite à admirer la technique la meilleure, reste juste et impartiale. Tour à tour elle encourageait les uns et les autres, elle acclamait le cran de quelque côté qu’il vienne, car nul esprit régionaliste ou particulariste n’est venu observer ses louables tendances.

— La vitesse est reine aujourd’hui encore s’expliquait Jean-Bernard Lévy.

Mais quels applaudissements lorsque sur un magnifique mouvement de Duhart qui se retrouve grand artiste de la balle ronde, Abegglen marque un second but. Et quelle clameur lorsque Sochaux rentre un troisième but du Suisse, non accordé d’ailleurs.

Maintenant, la foule encourage les meilleurs footballeurs, les artistes annoncés à l’extérieur. La belle silhouette d’Hiden se détend dans un bond prodigieux, tandis que les joueurs au maillot canari bombardent sans arrêt les filets du Racing.

Ah la belle empoignade ! Ah la belle lutte opposant la technique de Sochaux à l’ardeur et à la vitesse des Parisiens !

Les maîtres l’emportent

On applaudissait à la merveilleuse résurrection d’un Delfour parfait de bout en bout, d’un Hiden au style si spectaculaire, mais dans les prolongations, la technique et le souffle l’emportaient nettement. Les « canaris » réussissaient, devant un Racing essoufflé, à réaliser leur grand jeu. Il leur avait fallu 90 minutes pour se retrouver et pour apercevoir les défauts de la cuirasse adverse.

Mais quelles émotions, quels efforts pour en arriver là ! Le grand onze du Doubs avait vu planer devant lui un bien grand danger. Il sortait de l’aventure grandi comme en sortait grandi aussi son adversaire malheureux, mais valeureux d’ailleurs.

Hélas, pourquoi faut-il que le Racing se soit effondré et découragé d’un coup, après avoir joué avec une telle science dans les limites de la partie normale. Sur la fin, il semblait qu’il n’y. avait plus qu’une équipe sur le terrain. l’autre avait accompli, sa tâche, laissant les leaders administrer la preuve de leur grand jeu.

Gaston BENAU.

La partie

Le coup d’envoi est pour le Racing Club de Paris qui part à l’attaque, mais Lalloué libère son camp menacé. Sochaux réplique aussitôt et Delfour ne peut faire autre chose que de mettre en sortie. Duhart, par ses premières touches de balle, se fait vigoureusement applaudir. Il semble qu’il fera la conquête du public parisien, et Sochaux domine, bénéficiant même du premier corner de la partie. Leslie le tire mais il ne donne rien.

Sochaux est toujours menaçant. Un long dégagement de Mattler manque de peu de prendre en défaut Hiden, mais le portier du Racing de Paris arrête bien la balle cependant difficile. Le Racing essaie de se libérer. Ozenne lance Mercier et Mattler dégage en touche. Le Racing à une contre-attaque dangereuse. mais tour à tour Cafmeyer et Galey ratent la réception. Sochaux répond du tac au tac et Finot se presse trop et shoote dehors. Un instant, le Racing s’installe devant les buts de Wagner mais Mattler libère son camp avec facilité.

Le Racing à l’attaque

Le Racing fait meilleure contenance que l’on croyait et attaque même avec assurance, et Veinante, en particulier réussit quelques jolies ouvertures mais Sochaux s’organise et son jeu spectaculaire lui vaut des applaudissements mérités.

Et le Racing essaie toujours d’attaquer. Il conduit des descentes qui ne manquent pas de brio, mais toujours l’efficace défense de Sochaux intervient. Toute l’équipe de Sochaux a trouvé maintenant la bonne carburation. Elle fait une plaisante exhibition de football. Wagner, sur une attaque du Racing, sort de sa surface. Il s’ensuit un coup franc que Lehmann a bien du mat à dégager.

Le Racing attaque toujours. Malheureusement, en diverses occasions, ses avants manquent de taille et de poids. Le Racing joue avec beaucoup de cran dans ses lignes arrières et en particulier Schmitt et Delfour abattent un gros travail. Sochaux semble avoir laissé passer l’orage. Il s’organise et mène à son tour des descentes menaçantes mais Hiden est en forme et il arrête tout avec facilité.

 Le Racing marque

Le Racing, qui fait un match infiniment supérieur à celui que l’on attendait, continue sa pression et, à la suite d’un beau déplacement de passes entre Mercier et Veinante, le premier nommé, hors jeu à nos yeux,  bat Wagner à la 24ème minute: Racing, 1 but ; Sochaux. 0.

Le match dès lors s’anime de plus belle. Le Racing force l’allure et Sochaux essaie de répliquer. Ozenne est un peu durement fauché et l’arbitre accorde un coup franc que Jordan shoote dehors.

Delfour en verve

Le Racing sent très bien que contre une équipe comme Sochaux, l’avance d’un but n’est pas suffisante et, estimant que le meilleur moyen de se défendre est d’attaquer, il part à l’offensive de plus belle. Delfour est déchaîné tant à l’attaque qu’en défense et son ardeur galvanise ses partenaires qui manquent de peu d’ajouter un deuxième but à la marque. Les Racingmen sont déchaînés et le public ne leur mâche pas les applaudissements qu’ils méritent par leur joli et inespéré début de partie.

Sochaux veut combler son retard. Il attaque fermement. La défense Parisienne est à l’ouvrage ; les demis l’épaulent bien et Delfour, toujours lui, sauve son camp à deux reprises différentes. Mais, au rebours de ce que l’on croyait, c’est le Racing qui continue à mener les opérations. Les Sochaliens sont surpris de cette résistance à laquelle ils ne s’attendaient pas. Le Racing aurait pu même avoir une avance supérieure si Cafmeyer avait été à la hauteur des circonstances, mais le baptême du feu est trop sévère pour l’ancien joueur de Montreuil.

C’est au tour de Sochaux de se faire applaudir. Sa ligne d’attaque part du milieu du terrain et les cinq avants descendent par petites passes. Leslie, dernier possesseur du ballon, n’échoue que d’un rien. Sochaux veut égaliser avant la mi-temps, mais ses avants s’énervent un peu et le danger est vite conjuré. La mi-temps approche. Le Racing joue pour conserver son avance et, en dépit des efforts d’Abegglen, il y parvient.

La mi-temps, est sifflée sur le score 1 à 0, alors que Courtois est touché à la cuisse et est obligé de se réfugier au poste d’ailier droit.

 La seconde mi-temps

Dès la remise en jeu, le Racing attaque. Pas pour longtemps: au bout d’une minute de jeu, Abbeglen ouvre impeccablement sur Courtois qui marque d’un shot splendide; Racing 1  Sochaux 1.

Le Racing ne se laisse pas intimider et n’en repart pas moins à l’attaque mais Sochaux sent qu’il n’a aucune imprudence à commettre et réplique aussitôt. Le match est mené à une vitesse folle, avec des coups de maître successifs. L’émotion dans le stade est à son comble. Un shot terrible de Leslie Miller heurte le montant droit des buts et le clan du Racing est en nage. Cependant la pression de Sochaux est de plus en plus menaçante et le Racing, malgré son cran endiablé, a bien du mal à les contenir.

 Le Racing domine

Un bon moment le Racing s’installe devant les buts de Wagner. Mais ses avants se pressent trop et les shots sont mal assurés. Cafmeyer, tout seul devant Wagner, rate une occasion unique. Dommage ! L’ouverture de Veinante était si belle. Sochaux ne procède que par échappées.

Sur l’une d’elles, Finot réalise un superbe centre shot. A la balle que Hiden cueille avec un brio magnifique, le public applaudit l’action des deux joueurs. C’est au tour de Courtois de voler vers les buts du Racing. Gautroux, qui fit une très belle partie au centre de la ligne médiane du Racing, l’arrête juste à temps.

 Un second but pour le Raçing

Et, à la suite d’une faute de Ross, un coup franc est accordé au Racing, à la limite des 18 mètres. Veinante le shoote. Il en résulte une action confuse devant les buts de Sochaux dont la défense marque un temps d’hésitation. Cafmeyer le met à profit et bat Wagner au bout de quinze minutes de jeu : Racing 2 ; Sochaux 1.

Le Racing est déchaîné et poursuit sa pression. Sochaux doit l’accepter. Seul, dans la ligne d’avants, Abegglen se prodigue. Cependant, ses tirs, de trop loin, n’ont aucune chance de battre un gardien de but comme Hiden.

Sochaux sent que l’heure est critique et donne à fond. Hélas ! trois fois hélas ! Finot, tout seul devant Hiden, s’embrouille et gâche un but tout fait. Loin de se laisser abattre, le Racing repart de plus belle et continue de mener un train infernal.

 Sochaux à fond

Sochaux attaque certes avec plus de science, mais devant les buts, ses avants manquent un peu de sang-froid. La partie s’anime et l’arbitre doit intervenir. Sur un coup franc durement shooté par Abegglen, Jordan sauve courageusement de la tête. Sochaux, maintenant, multiplie ses efforts. Le Racing fait preuve de beaucoup de vaillance et d’abnégation. Sochaux donne à fond et la rencontre n’est plus qu’une lutte perpétuelle entre l’attaque de Sochaux et la défense du Racing. C’est du vrai jeu de Coupe, captivant et émouvant.

 Sochaux égalise à son tour

Et Sochaux, qui s’est employé à fond, voit ses efforts couronnés. Sur un centre de Leslie, Abegglen bat de très près Hiden qui n’en peut mais. Les deux équipes sont à égalité : Sochaux 2, Racing 2.

Il ne reste plus qu’un quart d’heure à jouer et Sochaux mène des attaques de grand style. Duhart se réveille et il n’est pas une de ses actions qui ne soit critique pour le Racing. Il obtiendra même un but que M. Broghammer refusera, ce qui déchaîne un beau chahut.

Sochaux ne veut pas se résoudre à jouer les prolongations et il fait une fin de partie splendide. Deux, fois, trois fois, Hiden doit être battu. Seules, sa grosse valeur et une certaine chance empêchent Sochaux de prendre l’avantage.

Sochaux fait une exhibition éblouissante et le ravissement du public est à son comble. Rarement vit-on équipe française jouer avec autant de maîtrjse. La Racing baisse de pied. Il modifie son attaque en faisant permuter Casmeyer et Mercier. Cette combinaison s’avère plus efficace et une trouée de Mercier manque de peu d’être victorieuse. Il ne reste plus que quelques minutes à jouer et les prolongations paraissent inévitables. Elles seront sans doute pénibles car les joueurs des deux équipes donnent de très nets signes de lassitude. Toutefois, la condition de Sochaux parait supérieure à celle du Racing.

Les Parisiens ont cependant des réactions dangereuses. Un shot de Ozenne frise la barre et c’est même le Racing qui tente sa chance avant la fin du temps réglementaire mais plus rien ne sera marqué et les deux équipes doivent se résoudre à jouer les prolongations.

Sochaux 2 buts : Racing 2 buts.

A la fin réglementaire, Sochaux et le Racine sont à égalité, 2 buts à 2. On joue la prolongation.

 La prolongation

Dès le début de la prolongation, le jeu apparaît très égal. Mercier descend ; Finot réplique pour Sochaux et un premier centre échoue, mais le second est victorieux: Courtois ayant placé la balle dans le filet vide. Sochaux 3 Racing 2.

Le Racing est un peu décontenancé et il manque de peu d’encaisser un quatrième but à la suite d’un beau déboulé de Leslie. Les Parisiens sont fatigués et ils ne réagissent plus que mollement, on ne voit plus sur le terrain que les maillots jaune et bleu de Sochaux.

 Trois nouveaux buts pour Sochaux

Cependant une réaction timide du Racing se produit et à la suite d’un beau centre de Finot, Courtois reprend magnifiquement de volée. Sochaux : 4: Racing, 2.

Le Racing ne se décourage pas maigre tout et attaque en désespéré. Hélas ! Anatol est fatigué et Leslie le passe aisément et ajoute un 5ème but à la marque.

Sochaux 5 Racing 2

Dès lors, c’est fini, désespoir du Racing ! Sochaux relâche son étreinte et ne cherche plus qu’à faire une exhibition de football. Il y parvient d’ailleurs. Exhibition qui n’est pas dénuée d’efficacité car Hiden doit déployer tout son brio pour protéger ses buts. A la fin de la première prolongation : Sochaux 5 Racing 2.

Sochaux ajoute deux buts

La seconde prolongation perd de son intérêt. Le Racing n’a plus aucun espoir et le match ne vaut plus que par l’assaut que mènent les avants de Sochaux à Hiden, qui fait une incroyable partie. Il ne peut cependant empêcher Courtois de marquer un 6ème but et Finot un 7ème.

Et c’est la fin. On applaudit Sochaux qui fit une magnifique fin de partie. On plaint l’infortuné Racing qui méritait mieux et qui en Hiden et Delfour, à des hommes étonnants.

Finalement, Sochaux bat le Racing par 7 buts à 2.

316.000 francs de recette

Sochaux-Racing a réalisé une recette de 316.000 francs. Mais là-dessus, il n’est revenu pour l’instant à chaque club qu’une somme avoisinant 50.000 francs.

Jean Eskenazi.

 Considérations générales

On s’attendait seulement à une énergique défense du Racing et l’on pensait malgré soi à l’histoire de la chèvre de M. Séguin qui se débattit toute la nuit et qui mourut quand l’aube vint. Le tout était de savoir ce que durerait la nuit des Parisiens.

Or, dès le départ, ceux qu’on avait condamnés partirent à fond. La foule applaudissait, criait, manifestait, conquise par la beauté de la technique sochalienne et par la volonté du Racing, que l’on disait chloroformée depuis un mois.

La démonstration attendue des leaders du championnat ne se produisit pas, ne pouvait pas se produire parce qu’en face il y eut cette décision qui légitime tous les espoirs et nivelle tous les talents.

Il est très difficile de dégager des considérations précises d’un match de Coupe. Il y eut deux phases : un match suivi d’un massacre. Pendant le match, les actions de Sochaux se déroulaient avec netteté, élégance et le redoublement de passes croisées, les ouvertures sur l’homme démarqué, attestaient la grande classe de l’équipe. Au Racing, on répondait du tac au tac, avec moins d’habileté, mais plus de mordant. C’est en toute justice que le match se termina sur un score nul.

Et puis, il y eut le massacre. De quoi remettre sur le tapis la question des prolongations. Il y a quelque chose d’antisportif dans ces rencontres de deux heures, surtout quand le temps réglementaire a été joué à toute allure. Certes, la supériorité athlétique de Sochaux pouvait être récompensée, mais comme on eût aimé que cette brillante formation enlevât sa victoire en quatre-vingt-dix minutes !

Aussi malgré la marque finale, je ne crains pas d’affirmer que les Parisiens ont fait une splendide partie et qu’ils doivent être félicités d’avoir réalisé le bel exploit de pousser jusque dans ses dernières réserves de conditions physique, l’équipe qui passe à juste titre pour être la plus complète et la plus brillante de France.

Au Racing, Hiden a été transcendant et au mieux de sa forme. Je voudrais citer particulièrement aussi Veinante, Ozenne et surtout les trois demis. Delfour a certainement acquis son billet pour Rome.

A Sochaux, Wagner a été médiocre et la ligne intermédiaire a été fort effacée. Les vedettes ont été Courtois, Abegglen et Mattler. Duhart est trop lent et manque d’efficacité; ce n’est pas son match d’aujourd’hui qui le mettra dans l’équipe nationale. Finot a été courageux et Leslie Miller, assez quelconque dans la partie règlementaire, s’est mis en évidence dans les prolongations.

Un match dramatique, passionnant dont Sochaux peut tirer grande gloire mais qui a permis au Racing de remonter dans l’estime du public de Paris.

Charles COUTELIER.

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La réaction d’Etienne Mattler

Je n’ai jamais douté de notre victoire.  Non, jamais Mattler 1935 02 04 Excelsior(1)! Même lorsque les Parisiens menaient au repos, puis au cours de la deuxième mi-temps quand la marque accusait deux buts à un en leur faveur, jamais l’idée de la défaite ne nous a effleurés.

C’est par une victoire que Sochaux voulait marquer sa première visite à Paris et, par une bonne exhibition, remercier le public de la capitale de cette chaude sympathie qu’il nous a toujours témoignée.

Je suis très heureux de voir combien les qualités de Courtois ont été appréciées. Un tel joueur est une providence pour une équipe ; son dynamisme, son inlassable activité communiquent un fluide bienfaisant à tous ses partenaires. Mais j’ai peur que les finesses subtiles de Duhart aient moins frappe que la grande nonchalance apparente qui trompe l’œil non averti. Il est bon d’ajouter qu’il n’était pas aujourd’hui dans sa meilleure condition physique.

Il nous faut rendre hommage à la parfaite correction des Racingmen. Mieux que nous, ils ont su pratiquer le jeu de Coupe et il faut voir là l’explication de leur effondrement au cours des prolongations. Ils durent payer alors, trop durement même, la rançon de leurs généreux efforts et le « régime économique » adopté par les nôtres fournit alors son plein rendement.

A quelque chose « malheur » est bon.

Les prolongations ont bouleversé notre horaire; nous avons manqué notre train mais gagné le match et… un fauteuil au théâtre.

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La feuille de Match

Parc des Princes
35 000 Spectateurs
Arbitre: M Broghammer

RC Paris: Hiden; Anatol, Schmitt; Jordan, Gautheroux, Delfour; Mercier, Ozenne, Cafmeyer, Veinante, Galey.

FC Sochaux Montbéliard: Wagner; Lalloué, Mattler; Gougain, Ross, Lehmann; Finot, Abegglen, Courtois, Duhart, Leslie Miller.

Buts RC Paris Mercier 24′  Cafmeyer 60′

Buts FC Sochaux MontbéliardCourtois 47′ (Abegglen) 92’ (Finot) 98’ (Finot) 110’   Abegglen 76′ (Leslie Miller)  Leslie Miller 100‘ (Courtois)   Finot 115’ (Abegglen)

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