Max LEHMANN du FC Sochaux Montbéliard en 1937

Max-Robert LEHMANN

Max-Robert Lehmann, citoyen Suisse, est né à Bâle le 17 Décembre 1906.  Orphelin de sa mère, il arrive en France fin 1927 , à l’âge de 21 ans, afin d’y rejoindre son frère qui travaille à Paris. Diplômé en comptabilité, il est embauché par la Banque de Paris et des Pays-Bas puis se marie.

En parallèle, il joue au Club Français au poste d’arrière. D’abord en équipe réserve, la 1ère saison, puis il dispute plusieurs  matchs en équipe première en saison 1928/1929.  A l’époque, le Club Français est un des tous meilleurs clubs Français. Auparavant, en Suisse,  il a évolué à 16 reprises sous le maillot du Concordia de Bâle.

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En 1929, à la demande de Jean-Pierre PEUGEOT, M Cochin, dirigeant du Club Français, ordonnance le recrutement du FC Sochaux. Lehmann rejoint ainsi le FCSM en compagnie de Lozes et Boros sous couvert d’un emploi de comptable au sein de la maison Peugeot.

Il participe, le 26 Mai 1929 à Paris, au match fondateur du FC Sochaux face à Dunlop Sport.

08 Septembre 1929 à Paris, Stade Buffalo, victoire 6 à 3 du FC Sochaux contre le Stade Français
FC Sochaux le 08 Septembre 1929 à Paris, Stade Buffalo lors de la victoire 6 à 3 contre le Stade Français. Lehmann est le 2ème joueur debout en partant de la droite

Avant la 1ère saison professionnelle de 1932 1933, il joue la quasi-totalité des matchs de propagande et autres matchs de championnats régionaux de l’équipe première.

Il est notamment présent lors des tournées en Allemagne de fin 1929 et en Afrique du Nord aux étés 1931 et 1932 (dont la victoire 4 à 2 face à Barcelone).

Il remporte la coupe Peugeot en 1931 et est présent lors des victoires de Février 1930, à Bruxelles, face à l’équipe nationale Belge et d’Avril 1931, à Rotterdam, face à l’équipe nationale des Pays Bas.

De 1932 à 1938, il jouera, essentiellement au poste de milieu gauche, 150 matchs de Division 1 et, au total, 184 matchs officiels pour le FCSM, inscrivant 4 buts en Coupe de France. Il remporta les 2 championnats de France 1935 et 1938 ainsi que la Coupe de France 1937.

Max, très rarement blessé, aura disputé,  durant sa période Sochalienne, la quasi-totalité des matchs de l’équipe première. Joueur très régulier, il joue certes sèchement mais sans jamais un geste méchant.   Aux côtés de Ross et derrière son compatriote Abegglen, son style s’est épuré. Tous les dimanches, il reproduit la même partie, sans fioritures inutiles, toute de sobriété et d’efficacité.

Sochaux Fives du 31 Mars 1936 Wagner et Lehmann protègent le but sochalien
Max Lehmann lors de Sochaux Fives de Mars 1936
Max Lehmann s'oppose au centre de Zermani lors de Marseille Sochaux d'avril 1936
Max Lehmann s'oppose au centre de Zermani lors de Marseille Sochaux (4-1) d'avril 1936

Au même titre qu’Etienne Mattler, Max Lehmann est une des figures emblématiques d’avant-guerre du club. D’excellente mentalité, son comportement aura toujours été exemplaire. Dans une période marquée par de multiples conflits avec les vedettes de l’époque, Lehmann est décrit régulier, consciencieux et ponctuel, portant fièrement et haut les couleurs du club. Seul défaut : grand fumeur.

Max Lehmann lors de red star sochaux de Novembre 1937
Max Lehmann lors de red star sochaux 0 1 de Novembre 1937
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A la  demande expresse du FC Sochaux Montbéliard, il fut naturalisé Français le 22 Mai 1933 afin  de faire face à la limitation du nombre de joueurs étrangers dans le championnat de France. Le club put ainsi recruter de nombreuses vedettes étrangères, politique de cette période.

Max Lehmann Journal officiel des naturalisations du 28 Mai 1933
Journal officiel des naturalisations du 28 Mai 1933

En 1934, en compagnie de son ami Roger Courtois, Lehmann accomplit son service militaire au 405ème Régiment d’Artillerie de Sathonay, remportant, à cette occasion, le prestigieux challenge Kentish avec l’équipe de France militaire.

Le 23 Septembre 1938, à la suite de l’annexion par Hitler du territoire Tchèque des Sudètes, la France proclamera la mobilisation partielle des réservistes.

Toujours avec Roger Courtois, Lehmann rejoignit son affectation à Belfort. Au bout de 8 jours,  il s’empressa, sans permission et dans sa tenue militaire, de fuir en Suisse, d’où, dans un échange épistolaire avec le FCSM, il demanda à recevoir par mandat-poste son salaire de Septembre. Il sollicita également un poste de représentant, en Suisse, de la marque Peugeot. Le club ne prit pas la peine de répondre et, jugeant cette attitude inacceptable, porta ces faits et le courrier de Lehmann à la connaissance de la FFFA.

Lehmann Croque 1936 B

A l’inverse de Courtois, Irigaray, Pretto ou Williams, Lehmann choisit  donc de déserter et ne pourra rentrer en France à la démobilisation du 06 Octobre 1938, sous peine d’être fusillé.

Vilipendé par les médias de l’époque, dont beaucoup s’avéreront collaborationnistes quelques mois plus tard, traité notamment de traître et de lâche, Max Lehmann justifiera, vers la fin de sa vie, sa désertion ainsi:

• sa  naturalisation  avait  été  forcée  car imposée par le FCSM
• Il ne    faisait que travailler en France et ne se considérait pas comme Français mais comme Suisse, sa véritable patrie
• en cas de conflit, sa situation aurait été périlleuse vis à  vis de l’armée Helvétique.

Le Miroir des sports du 18 Octobre 1938 article sur max lehmann
Le Miroir des sports du 18 Octobre 1938

Lehmann fut radié par la FFFA dès le 28 septembre 1938 avec extension à la FIFA en janvier 1939 et fut déchu de la nationalité Française par décret du 06 juin  1940.

Déchéance de nationalité Max Lehmann Journal officiel du 19 Novembre 1940
Journal officiel du 19 Novembre 1940

La suspension de la FIFA fut levée en 1941 et Lehmann rejouera en amateur 54 matchs pour l’équipe Suisse du FC Bienne jusqu’en 1944.

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Jusqu’à sa retraite en 1975, il dirigea une concession automobile, non pas Peugeot mais Fiat…

Le temps ayant fait son œuvre, le FCSM renoua avec Lehmann en 2007 et l’invita, en Mai, pour la célébration du 70ème anniversaire de la victoire en Coupe 1937. Le lendemain, il verra son club de cœur remporter sa 2ème coupe de France face à l’OM. La boucle était bouclée.

Max Lehmann 100 Ans

Max Lehmann décèdera  le 18 avril 2009 dans sa maison de retraite de Riehen, près de Bâle. Sélectionné à 2 reprises en équipe de France en 1935 et 1936, son décès à plus de 102 ans en fait, encore aujourd’hui, l’international Français de football répertorié par la FFF ayant vécu le plus longtemps.

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